Selon l'OIT, entre 5,3 millions et 24,7 millions de chômeurs s'ajouteront aux quelque 188 millions recensés dans le monde en 2019, en fonction des scénarios envisagés. Cela dépendra de la réponse des politiques économiques au niveau international, qui, si elle est coordonnée comme lors de la crise financière de 2008-2009, permettra d'amoindrir l'impact de la crise sur le chômage mondial.
De leur côté, les décideurs politiques promettent les uns après les autres des milliards d'aides publiques devant un monde quasiment à l'arrêt.
L'économie mondiale est ainsi aux soins intensifs, y compris en Suisse où l'on s'attend désormais à une récession en première partie d'année avant un rebondissement par la suite.
>> Lire : La Suisse risque d'entrer en récession en première partie d'année
- MESURES ETATIQUES POUR L'ECONOMIE -
Aux Etats-Unis, le président Donald Trump, après avoir tardé à réagir, entend sonner désormais la charge de la reconquête économique, avec un programme d'aide "audacieux et très important" à destination des entreprises américaines menaçant de péricliter. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, n'a pas révélé le montant de ce plan d'aide en cours de négociation mais la presse américaine évoque quelque 850 milliards de dollars. Selon la chaîne américaine CNBC, il pourrait même dépasser les 1000 milliards de dollars.
Parallèlement, la Banque centrale américaine (Fed) a annoncé toute une série de mesures pour s'assurer que le tissu économique profite bien des milliers de milliards de dollars qu'elle injecte depuis une semaine.
Mardi, la Banque centrale européenne (BCE) a fourni plus de 100 milliards d'euros de liquidités aux banques. Au total, 110 banques ont retiré pour 109,1 milliards d'euros de monnaie de banque centrale. Cette opération de refinancement, la première des 13 prévues d'ici à la mi-juin, s'inscrit dans le paquet de mesures annoncées cinq jours plus tôt.
Le budget d'urgence élaboré par le gouvernement français prévoit deux milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires pour l'Etat et la Sécurité sociale dans le secteur de la santé, a annoncé mercredi Gérald Darmanin. Le gouvernement avait déjà annoncé mardi un allègement, report ou une annulation, de charges à hauteur de 32 milliards d'euros sur le seul mois de mars, constituant l'essentiel des 45 milliards d'euros de mobilisation "immédiate" annoncée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
L'Italie, le pays le plus touché jusqu'à présent par l'épidémie au sein de l'UE, a annoncé 25 milliards d'euros.
L'Etat espagnol va garantir jusqu'à 100 milliards d'euros de prêts aux entreprises, a annoncé mardi le chef du gouvernement Pedro Sanchez.
Londres offrira la garantie de l'Etat sur les prêts aux entreprises à hauteur de quelque 363 milliards d'euros, comme l'a annoncé le gouvernement de Boris Johnson mardi.
Le Premier ministre japonais va réunir jeudi un panel comprenant des ministres et le gouverneur de la Banque du Japon pour discuter d'un plan visant à protéger la troisième économie du monde des effets de la pandémie. Ce groupe préparera un ensemble de mesures "audacieuses et sans précédent", selon les mots de Shinzo Abe.
>> Lire : Economie mondiale aux soins intensifs et compagnies aériennes au ralenti
- TRANSPORTS ET INDUSTRIE -
Les ministres européens des Transports devaient se concerter en vidéoconférence mercredi matin pour évoquer un secteur sinistré par la crise sanitaire. Les liaisons aériennes ont énormément pâti de l'épidémie de Covid-19 et des mesures de blocages destinées à en freiner l'expansion.
La compagnie aérienne américaine United Airlines a annoncé à son tour mardi une réduction de 60% de son calendrier de vols pour le mois d'avril du fait du déclin de la demande provoqué par l'épidémie de coronavirus à travers le monde. United a précisé que cette mesure incluait une diminution de 42% de ses liaisons à travers les Etats-Unis et avec le Canada, ainsi qu'une baisse de 85% de ses vols internationaux.
Les autres grandes compagnies aériennes américaines ont pris des décisions similaires ce mois-ci, alors que le président américain Donald Trump a suspendu les voyages en provenance des pays de l'Union européenne.
La filiale à bas coûts d'Air France-KLM, Transavia France, et sa filiale régionale Hop! s'apprêtent à suspendre l'intégralité de leurs vols dans les prochains jours.
BMW va fermer ses usines en Europe et en Afrique du Sud, soit la moitié de ses capacités de production, jusqu'au 19 avril en raison de la pandémie de coronavirus, a annoncé mercredi son patron Oliver Zipse.
Toyota annonce aussi l'arrêt jusqu'à nouvel ordre de la production dans toutes ses usines européennes, compte-tenu de l'accélération de la propagation du coronavirus et des mesures de confinement prises par certains pays.
La filiale roumaine de Renault a mis à l'arrêt son usine de Mioveni, au nord-ouest de Bucarest, du 19 mars au 5 avril, à l'exception de ses activités. Renault a déjà arrêté ses usines en France et en Espagne.
- BOURSES A NOUVEAU A LA BAISSE -
Les principales places boursières avaient bien réagi mardi aux traitements de choc pris à la pelle par les grandes puissances mondiales pour soulager une économie malade, mais cela n'a pas suffi à enrayer la tendance baissière sur des marchés en pleine défiance.
Après une ouverture en net repli mercredi, la Bourse suisse accentuait sa rechute à la mi-journée.
Vers 13h00, la Bourse de Paris accusait des pertes de 5,24%, Francfort de 5,05% et Londres de 4,36%. De leur côté, Milan et Madrid perdaient respectivement 1,95% et 2,79%.
A Wall Street, le Dow Jones perdait un peu plus de 6% et le Nasdaq 5,55% à l'ouverture.
Les cours du pétrole poursuivaient leur descente mercredi, le baril de référence américain touchant un plus bas depuis 2003, pris en étau entre une offre débordante et une demande mondiale sapée par la pandémie de coronavirus.
A la mi-journée, le baril de pétrole poursuivait lui aussi sa chute: entre 3% et 5% pour les deux cours de référence qui ont perdu près de 60% de leur valeur depuis le début de l'année.
agences/oang
"Brèves récession" selon Credit Suisse
Les économistes de Credit Suisse ont encore une fois raboté leurs prévisions de croissance pour le pays. Ils s'attendent désormais à ce que la Confédération tombe dans une "brève" récession cette année en raison de la pandémie de coronavirus.
Les spécialistes de la banque aux deux voiles s'attendent à ce que le produit intérieur brut (PIB) affiche une évolution négative de 0,5% en 2020, alors que dans leurs précédentes estimations ils tablaient encore sur une progression de 1,0%, selon un communiqué publié mercredi.
Rebond en fin d'année
Credit Suisse a cependant souligné que ces prévisions étaient entachées de fortes incertitudes. L'économie helvétique est paralysée par le cloisonnement de la population qui fait baisser la demande pour les produits et les mesures publiques déployées jusqu'à présent ne vont que partiellement amortir le choc.
Dans son scénario de base, la banque s'attend à ce que cette situation exceptionnelle ne dure que jusqu'à la mi-mai et diminue par la suite. La croissance devrait alors rebondir en fin d'année pour afficher en 2021 une progression de 2,0%.
Si la pandémie devait par contre persister, les conséquences seraient plus néfastes.