Ces hausses doivent s'ajouter à la pleine compensation du
renchérissement. Une hausse supplémentaire de l'ordre de 1% est
demandée pour les femmes.
"La situation économique, qu'il s'agisse des exportations ou du
marché intérieur, est excellente", a souligné vendredi le président
de l'USS, le conseiller national Paul Rechsteiner (PS/SG). Et les
chances de voir la reprise se maintenir l'an prochain en Suisse
sont bonnes, malgré les turbulences qui agitent les marchés
financiers, prévoit Daniel Lampart, chef économiste à l'USS.
En vue de la croissance du PIB
Une croissance de 2% ou plus du PIB est attendue. Par ailleurs,
seuls les grands managers et les actionnaires ont profité de la
reprise jusqu'à présent, argumente encore l'USS pour justifier ses
revendications salariales.
Selon les calculs de Daniel Lampart, malgré la hausse réelle de
1,5% obtenue en 2007, les salaires accusent toujours un retard de
2% par rapport à la hausse de la productivité du travail et du PIB.
"L'important est que les hausses soient générales", a souligné Paul
Rechsteiner, la "grande majorité des salariés" se faisant "blouser
lorsque les chefs fixent comme bon leur semble les salaires et
leurs adaptations."
L'individualisation des augmentations, telle qu'elle s'est
répandue depuis les années 1990, implique un trop grand risque
d'arbitraire, comme le prouvent les écarts "exagérés" entre les
salaires des cadres et le reste du personnel dans certaines
entreprises.
Davantage pour les femmes
Les syndicats veulent également profiter de
la bonne conjoncture pour combler les inégalités salariales entre
les hommes et les femmes, ces dernières gagnant toujours près d'un
cinquième de moins que leurs collègues masculins, a rappelé Natalie
Imboden, du syndicat Unia.
En fonction du besoin de rattrapage, une hausse spécifique des
salaires féminins de l'ordre de 1% sera demandée, le cas échéant
sous forme de provisions. Pour faire avancer l'égalité salariale,
l'USS demandera en outre aux entreprises de plus de 1000 employés
de vérifier leurs salaires, à l'aide de l'instrument de contrôle
conçu par la Confédération, Logib. A partir de là, il sera possible
de convenir d'un plan de mesures, souligne Natalie Imboden.
Les voeux d'Unia
Concrètement, Unia va demander des hausses de 3% à 4,5% pour les
branches de l'économie d'exportation, soit la chimie, l'industrie
pharmaceutique ou encore l'industrie des machines. S'agissant du
secteur des services, une augmentation générale de 150 francs sera
exigée dans le commerce de détail et de 200 francs dans les
transports routiers.
Pour ce qui concerne la construction, Unia ne s'est pas encore
prononcé, après l'échec des négociations l'an dernier et la
résiliation de la convention nationale de travail par les
entrepreneurs pour la fin septembre 2007.
Swisscom pointé du doigt
Dans l'administration, le Syndicat des services publics (ssp)
exige une hausse de 3% des salaires et la pleine compensation du
renchérissement. La Confédération, les cantons et les communes sont
en outre priés de "jouer un rôle moteur" dans la suppression des
différences salariales entre les hommes et les femmes.
Enfin, le Syndicat de la communication revendique une augmentation
de salaires de 4% à La Poste et pour la branche des télécoms.
Swisscom doit en outre mettre un terme à la discrimination dont
sont victimes les employés à temps partiel, en majorité des femmes,
qui ne touchent aucun supplément de salaire pour compenser les
heures supplémentaires.
ap/ats/ant/hof
Pas réaliste, répliquent les patrons
L'Union patronale suisse (UPS) juge que les 3 à 4% de hausses salariales demandées par l'USS en 2008 ne sont pas réalistes partout.
Son directeur Thomas Daum estime que certaines branches ne pourront pas atteindre de tels niveaux.
Il est clair qu'il y aura des hausses de salaires dans la plupart des branches, a dit Thomas Daum, interrogé vendredi par l'ATS. Une augmentation de 3% pourra être obtenue ici ou là, mais 4% n'est globalement pas réaliste.
Concernant l'égalité des salaires entre hommes et femmes, Thomas Daum juge que la situation s'est améliorée ces dernières années.
Il affirme même que certaines branches ne connaissent aucune discrimination.
Le directeur de l'UPS indique les différences non justifiées sont inférieures à 10% pour l'ensemble de l'économie.
L'USS affirme pour sa part que les différences peuvent aller de 10 à 15%.
Les revendications de Travail.Suisse
Alliée aux syndicats Syna, Hotel & Gastro Union et transfair, Travail.Suisse revendique pour l'année prochaine une hausse nominale des salaires entre 2 et 4% selon les branches.
Pour Swisscom et les CFF, transfair demande des hausses salariales pour 2008 de respectivement 4% et 3,5%.
Pour La Poste, il revendique une augmentation réelle jusqu'à 2,5% en sus de la pleine compensation du renchérissement.
Le Syndicat interprofessionnel Syna demande une hausse moyenne des salaires de 3% pour tous en 2008, et des négociations l'année prochaine pour les augmenter de 200 francs par mois.
Le syndicat des services publics transfair demande pour 2008 une hausse générale de 5,5% des salaires pour le personnel de la Confédération.
Cette revendication massive vise notamment à atténuer les effets du changement de primauté de leur caisse de pension.