«Le pactole pour Bertarelli», «Coup royal», «Bertarelli empoche
10 milliards», «Bravo Ernesto Bertarelli», «Chapeau, Monsieur
Bertarelli», : le patron de Serono fait la une des journaux - qui
avouent leur surprise - ce vendredi, au lendemain de la vente de
son groupe à Merck pour 16 milliards de francs. Normal : le
Genevois va empocher 10 milliards de francs (sa famille détenait
64,5% des parts de marché).
Le plus élogieux des canards n'est autre que l'unique quotidien
économique de Suisse romande, « L'Agefi ». Dans son éditorial, il
se réjouit pour la famille Bertarelli: "Bravo donc à Ernesto
Bertarelli qui, par cette opération, a su faire taire ses
détracteurs de la presse financière qui le brocardaient pour ses
allers-retours entre vente avortée de son groupe et achats
potentiels qu'il n'arrivait pas à finaliser".
Bertarelli la girouette
Ernesto Bertarelli a
très habilement manoeuvré en laissant monter les enchères
24 Heures
«L'Agefi» relève
cependant les couacs boursiers qui ont accompagné le rachat: «Ce
qui entoure cette transaction laisse encore, aujourd'hui, quelques
zones d'ombre qui devront être éclaircies le plus rapidement
possible». Même constat dans «24 Heures». Le quotidien vaudois, qui
constate que Bertarelli, en bon marin «s'est pris au jeu de la
girouette», reconnaît que le milliardaire genevois «a très
habilement manoeuvré en lassant monter les enchères», avant de
mettre en garde : «le vainqueur d'hier se lance sur la ligne de
départ sans savoir s'il est véritablement compétitif».
Si elle reconnait l'habile coup de poker de Bertarelli, la presse
garde en effet son sens critique. Et le quotidien allemand «Die
Welt» remporte la palme du scepticisme. Très critique, il titre sur
les risques que prend Merck. Le doute plane quant à savoir si le
choix de Serono est vraiment approprié. Et de rappeler qu' Ernesto
Bertarelli n'avait décidé de ne plus vendre ses parts qu'en avril
dernier.
Manque de synergie
«Le Temps» s'interroge à son tour : «Des voix soulignent le
manque de synergies et rappellent que ce mariage d'intérêt ne
répond pas au défi principal» (ndlr : trouver un successeur au
Rebif, ce médicament de Serono qui pèse 50% du chiffre d'affaires
du groupe et dont le brevet arrive à échéance en 2011). Avant
d'ajouter, en parlant du chef de la division pharmaceutique de
Merck, Elmar Schnee : «un gros travail l'attend (...), car les
problèmes de fond ne sont pas réglés avec la fusion».
TXT/Patrick Suhner
Une chance pour Genève et la Suisse
Si la presse met en avant le gros travail qui attend Merck-Serono Biopharmaceuticals, « La Tribune de Genève » se réjouit de la présence de la grande entité sur les rives du lac Léman.
« La liste des avantages de la vente démontre à elle seule que la solution trouvée tutoie la perfection pour le canton (de Genève) ».
Le quotidien souligne que les 1200 emplois genevois « seront conservés, voire augmentés » et que « le tout nouveau centre de Sécheron, qui aura coûté 335 millions de francs, fête son inauguration de la meilleure des façons.
Enfin, « La Tribune de Genève » se réjouit de la « nouvelle dimension internationale » que prend Genève.
De son côté, « Le Temps » revient sur l'avenir des biotech en Suisse, « qui ne paraît pas menacé par cette vente ».
La Suisse, au deuxième rang européen derrière la Grande-Bretagne, bénéficie d'une bonne relève et « n'est plus aussi indépendante du blockbuster Serono».
Quel avenir pour Ernesto Bertarelli?
Certains médias s'interrogent aussi sur l'avenir d'Ernesto Bertarelli. Car Merck lui propose une place à la direction.
« Parions que le propriétaire d'Alinghi ne fera pas de vieux os dans les austères locaux de Merck (...) et, libéré des soucis (...) de Serono, il peut voir l'avenir en rose et consacrer tous ses efforts à la Coupe de l'America », commente «La Liberté».
Dans une interview accordée au « Temps », Ernesto Bertarelli lève le voile sur ses ambitions : « Je me retirerai complètement au moment où la transaction sera terminée et je ne ferai plus partie du capital de la société».