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Selon l'OCDE, penser que l'économie va rebondir rapidement est irréaliste

Le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria a averti lundi que les conséquences du Covid-19 sur l'économie seraient durables [Keystone/EPA - Riccardo Antimiani]
Allemagne et USA renforcent leurs mesures de soutien à l'économie tandis que l'OCDE avertit que la crise sera longue. / Le Journal horaire / 22 sec. / le 23 mars 2020
Les conséquences de l'épidémie de Covid-19 vont faire souffrir l'économie pendant des années, a averti lundi le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria. Il évoque la nécessité d'un programme de relance "semblable au Plan Marshall et au New Deal combinés".

L'économie mondiale va souffrir "pour des années" et il est "irréaliste de penser qu'elle va rebondir rapidement", a averti lundi le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) Angel Gurria dans un entretien à la BBC.

D'après lui, les dernières prévisions de l'OCDE, qui prévoyaient début mars qu'une épidémie prolongée et sévère de coronavirus ramènerait la croissance mondiale à seulement 1,4% cette année, semblent déjà dépassées et trop optimistes. En novembre, avant le début de l'épidémie, l'OCDE estimait encore à 2,9% la hausse du PIB mondial cette année.

Effort semblable au Plan Marshall et au New Deal combinés

"Même si on n'a pas une récession mondiale, on va avoir une croissance nulle ou négative dans beaucoup d'économies, y compris les plus grandes. Cela prendra plus de temps pour redémarrer", a poursuivi Angel Gurria, pour qui le choc économique actuel est déjà plus violent que ceux consécutifs aux attentats du 11 septembre 2001 ou à la crise des subprimes en 2007 et 2008.

Cette crise "exige un effort mondial semblable au Plan Marshall et au New Deal combinés pour éviter une récession prolongée", avait déjà plaidé samedi le secrétaire général de l'OCDE.

L'Allemagne lâche son frein à l'endettement

Le gouvernement allemand a adopté lundi des mesures de plusieurs centaines de milliards d'euros pour lutter contre les conséquences de l'épidémie de Covid-19, une somme inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Le paquet prévoit des aides massives aux entreprises et aux salariés, y compris la possibilité pour l'Etat de nationaliser partiellement des groupes jugés stratégiques qui seraient menacés de faillite.

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Souvent critiquée par ses partenaires européens pour sa rigueur budgétaire, l'Allemagne va suspendre tous les dispositifs de frein à l'endettement qu'elle s'était fixés ces dernières années, faisant d'elle un des pays les plus orthodoxes d'Europe en matière de comptes publics. Le gouvernement fédéral va contracter des dettes à hauteur de 156 milliards d'euros, selon le texte de loi adopté en conseil des ministres et qui doit encore être avalisé par le Parlement cette semaine. C'est la première fois que l'Etat emprunte depuis 2013. Depuis lors, il n'a enregistré que des excédents budgétaires.

La règle allemande du frein à l'endettement n'autorise en principe qu'un déficit pouvant aller jusqu'à 0,35% du PIB, mais elle peut être assouplie en cas de circonstances exceptionnelles.

Récession de 5% attendue pour 2020

L'enveloppe d'aide prévoit une capacité de prêts garantis par l'Etat à hauteur de 822 milliards d'euros. L'argent contribuera aussi à financer un Fonds de secours pour les grandes entreprises, dont la dotation pourra monter jusqu'à 600 milliards d'euros. L'Allemagne pourra donc acheter des parts dans celles qui vacillent face au Covid-19, comme elle l'avait fait dans le secteur bancaire avec la Commerzbank lors de la crise financière de 2008-2009.

Les entreprises allemandes, fortement exportatrices, sont particulièrement affectées par les restrictions mises en place dans de nombreux pays pour endiguer la propagation de la pandémie. Le gouvernement s'attend à une récession d'au moins 5% cette année, a reconnu le ministre de l'Economie Peter Altmaier lors de la conférence de presse du gouvernement allemand. Avant la crise, il misait encore une progression du PIB de 1,1% en 2020.

agences/vic

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La Fed annonce des mesures "sans limites"

La Banque centrale américaine (Fed) a annoncé lundi qu'elle ne fixait désormais plus de limite à ses achats de bons du Trésor et de titres hypothécaires. Elle a également pris une nouvelle série de mesures permettant à un large éventail d'entreprises d'accéder à de l'argent frais, notamment en préparant la mise en place d'un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises, qui constituent l'essentiel du tissu économique américain.

"D'importants efforts doivent être menés envers les secteurs public et privé pour limiter les pertes d'emplois et de revenus et permettre une reprise rapide une fois que les perturbations auront diminué", a souligné la Fed. Elle est désormais "le prêteur direct de dernier recours à l'économie réelle, et pas seulement au système financier", afin que "les entreprises puissent continuer d'exister même si l'activité économique s'effondre temporairement", analyse Ian Shepherdson, chef de l'institut de recherche Pantheon Macroeconomics.

Bourses toujours pas rassurées

Malgré l'annonce ce ces mesures sans précédent, la Bourse de New York a ouvert en baisse lundi. Quelques minutes après le début des échanges, l'indice Dow Jones perdait 520 points à 18'654 (-2,71%), son plus bas niveau depuis novembre 2016. Le Standard & Poor's 500, plus large, reculait lui de 2,87% à 2239 points. Quant au Nasdaq Composite, il abandonnait 1,13% à 6802 points.

Nouvel échec au Sénat américain sur le plan massif de soutien à l'économie

L'administration Trump a de nouveau échoué lundi à se mettre d'accord avec les élus démocrates et républicains du Sénat sur un très attendu plan de soutien massif à l'économie américaine ravagée par la pandémie de coronavirus.

Les élus démocrates ont, comme dimanche, rejeté les mesures proposées par les républicains, et la motion, qui aurait permis un vote rapide sur le texte, n'a recueilli que 49 voix sur les 60 nécessaires. Ce projet de loi vise à mobiliser près de 2.000 milliards de dollars.

Les tractations se poursuivaient en coulisses entre la majorité républicaine et la minorité démocrate, pourtant d'accord sur l'urgence de la situation, alors que la première économie mondiale est probablement déjà entrée en récession.