Les résultats annuels ne seront dévoilés qu'en février prochain,
mais les comptes des deux grandes banques après neuf mois ne
laissent planer aucun doute. Le bénéfice net de l'UBS s'affichait à
8,85 milliards de francs à la fin septembre (+ 17,3 % sur un an) et
celui du CS à 6,65 milliards (+ 40 %).
Uniquement en se maintenant au niveau bénéficiaire de leur dernier
trimestre 2005, l'UBS devrait présenter un profit net 2006 de près
de 11,5 milliards de francs et le Credit Suisse un gain de 8,6
milliards.
Une vigueur généralisée
Ces chiffres seront donc en hausse d'au moins 20 % sur 2005 pour
l'UBS (sur la base des activités poursuivies) et de 29 % pour le
CS. Mieux, la vitalité des deux mastodontes helvétiques constitue
tout simplement la règle.
L'ensemble des banques cantonales affichait par exemple une hausse
de leurs résultats nets de presque 18 % après six mois, à près de
1,4 milliard de francs. Les Raiffeisen se dirigent exactement dans
le même sens. Dans la gestion de fortune: Vontobel, Julius Bär et
Sarasin montrent des performances plus que solides.
700 emplois créés à l'UBS
Le fisc et les actionnaires ressortent grands gagnants. Mais
l'emploi n'est pas en reste. La branche a engagé à tour de bras
cette année. Par rapport à la fin 2005, l'UBS comptait ainsi 700
collaborateurs en plus à la fin novembre (à plus de 26'700)
uniquement en Suisse, selon son rapport financier sur neuf
mois.
Autre exemple: les Raiffeisen ont gonflé leurs effectifs de 205
postes en équivalents plein temps entre janvier et septembre. Et le
mouvement devrait globalement se poursuivre, même si le rythme des
recrutements va probablement ralentir.
La tendance reste positive
«Le secteur est toujours bien orienté, mais le mot prudence est
peut-être prononcé plus souvent qu'il y a un an dans les milieux
bancaires», assure Steve Bernard, directeur de la fondation Genève
Place Financière.
Michel Wiederkehr, analyste chez Bordier & Cie, est lui aussi
plutôt optimiste. «Les perspectives sont bonnes dans le domaine des
fusions et acquisitions et dans le crédit, vu que les taux
demeurent bas, ce qui favorise également les émissions d'emprunts»,
explique-t-il.
Trop prudents en 2006
«Il n'y a pas de dégradation des résultats à attendre en Europe
à court terme», assure M. Wiederkehr. Pas de dégradation, certes,
mais un ralentissement est inéluctable. «Les arbres ne poussent pas
jusqu'au ciel», commente sobrement Michel Dérobert, secrétaire de
l'Association suisse des banquiers privés. Il a le sentiment que le
sommet du cycle boursier se profile désormais à l'horizon.
M. Dérobert rappelle que, rétrospectivement, les banquiers se sont
avérés un peu trop prudents dans leurs attentes pour 2006. «Il y a
des chances pour que ce soit l'inverse cette année, c'est-à dire
que la branche soit un peu trop optimiste par rapport à ce que sera
l'avenir», poursuit-il.
ats/jab
L'inconnue américaine
Une fois de plus, le sort de la conjoncture mondiale dépend largement des Etats-Unis.
Si le président de la Banque nationale suisse (BNS), Jean-Pierre Roth, dit y percevoir un atterrissage en douceur, de nombreux économistes se montrent beaucoup plus circonspects et attendent confirmation.
Une récession provoquerait une correction sur toutes les Bourses occidentales.
Dans la gestion de fortune, une baisse généralisée des cours signifie mécaniquement une certaine contraction de la masse sous gestion, et des commissions perçues.
Reste que l'Europe a un temps de retard dans le cycle par rapport aux Etats-Unis, une situation qui conforte les banquiers suisses dans leur optimisme prudent.