Directrice de l'hôtel Bon Rivage à la Tour-de-Peilz (VD), Marie Forestier confirme que son établissement est en arrêt total depuis mi-mars et qu'il n'y a plus aucune réservation pour la suite.
Et "c'est très dur", souligne-t-elle lundi dans La Matinale. "C'est dur pour nous, chefs d'entreprises, et c'est dur pour nos équipes."
Comment faire revenir les clients
"Il ne faut pas perdre espoir", souligne cependant celle qui est aussi et depuis tout récemment membre du comité exécutif d’Hotelleriesuisse. "Mais on analyse de très près les comptes pour se retrouver dans une situation la moins pire possible. On actionne également les aides mises en place par la Confédération et on réfléchit aussi à la suite, quelles offres on va mettre en place pour essayer de faire revenir nos clients."
Les pertes de chiffre d'affaires pour l'hôtellerie suisse sont estimées entre 70 et 90% en moyenne pour la période allant de mars à mai. Un quart des établissements vaudois et genevois se disent en risque de faillite.
Des aides à double tranchant
Pour tous, l'objectif désormais est de sauver la saison d'été. Mais "je ne sais pas si c'est possible", souligne Marie Forestier. "Il faut sauver ce qu'on peut sauver. Ce qu'on a perdu, on ne le retrouvera jamais. Les aides mises en place nous permettent d'avoir les liquidités mais elles nous endettent. Donc, c'est aussi l'avenir qui est touché. Maintenant, il faut vraiment qu'on arrive à avoir des mois d'août et septembre qui tiennent un peu la route."
"Ce sont des prêts, avec des taux zéro pour la première année, donc on aura du mal à les rembourser. Si on pouvait prolonger le taux zéro pour toute la durée du prêt, ce serait déjà des intérêts à rembourser en moins. Cela va aussi nous empêcher de réinvestir à l'avenir et de maintenir nos hôtels compétitifs avec des produits qui font envie. C'est ce qui va être très compliqué à terme."
"C'est un cap que l'on arrivera à passer"
L'hôtel Bon Rivage, ouvert en 1864 et qui a reçu des hôtes illustres comme Richard Wagner ou Gustave Courbet, est aujourd'hui en mains de la congrégation des sœurs de Saint-Joseph d’Annecy, en France.
"On leur a demandé de faire quelques prières pour nous", souligne la directrice en forme de clin d'œil. "Ce qui est sûr, c'est qu'on a la chance d'avoir ces propriétaires qui sont bienveillantes et qui - au fil des années - nous ont incités à avoir une gestion très rationnelle et très prudente. Ce sera difficile, mais c'est un cap que l'on arrivera à passer."
Propos recueillis par David Berger/oang