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Jeunes toujours davantage à l'aide sociale

Interdire la vente d'alcool dès 21 heures : une bonne mesure ?
Le manque de formation de certains jeunes au coeur du problème
Le nombre de jeunes qui font appel à l'aide sociale ne cesse d'augmenter en Suisse malgré la bonne conjoncture économique. Face à ce constat, la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) tire la sonnette d'alarme.

Avec 3,9%, les 18-25 ans constituent, après les enfants, la
catégorie la mieux représentée parmi les bénéficiaires de l'aide
sociale. La CSIAS demande donc de donner un caractère prioritaire à
la lutte contre le manque de formation et le chômage dès la fin de
la scolarité obligatoire.



L'aide sociale est impuissante dans de nombreux cas, car elle
n'intervient qu'à un moment où les chances de l'individu sont
passablement compromises, a expliqué mercredi Walter Schmid,
président de la CSIAS.

Constat d'échec

Les jeunes, qui n'ont ni travaillé ni suivi une formation entre
16 et 20 ans, sont "mal partis", a-t-il constaté. "A ce moment-là,
ils ont déjà un parcours semé d'échecs et de refus derrière eux" et
les possibilités de soutien de l'aide sociale n'ont qu'une
efficacité limitée. La CSIAS demande donc la mise en place d'une
"stratégie globale de lutte contre le risque de pauvreté des jeunes
adultes".



Elle propose un catalogue de mesures pouvant être réalisées en
collaboration avec l'économie et les autres institutions du domaine
social, de l'enseignement et de la formation professionnelle. Il
comprend notamment la création de places d'apprentissage pour
"personnes peu performantes" et l'intervention de l'Etat pour
compléter le marché des places d'apprentissage.

Ecole jusqu'à 18 ans

Dans ce contexte, Walter Schmid se demande si la durée de
l'école obligatoire jusqu'à 16 ans est encore adaptée aux
circonstances. Le président de la CSIAS affirme douter qu'un jeune
de 16 ans puisse faire face actuellement aux exigences croissantes
du monde du travail. Selon lui, on doit entamer une réflexion pour
voir si une obligation d'aller à l'école jusqu'à la majorité (18
ans) ne serait pas plus sensée.



Ce n'est pas obligatoirement l'école classique qui devrait se
charger de ces deux années de formation obligatoire, a poursuivi M.
Schmid. Mais les jeunes qui n'ont pas trouvé de places
d'apprentissage ne devraient pas être laissés de côté pendant ces
années cruciales, car ils risquent de manquer une étape essentielle
et peut-être définitive d'entrer sur le marché du travail.

Soutien personnalisé

Les experts demandent d'apporter un soutien individuel aux
jeunes se trouvant au seuil de la vie professionnelle. Ils
reconnaissent que "les coachings, les trainings et le conseil
individuel sont coûteux" et demandent des ressources en personnel,
mais soulignent qu'ils "sont en général le mieux à même d'atteindre
l'objectif fixé".



agences/nr

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Immigrés pas oubliés

Un des volets de la réflexion menée par le CSIAS concerne les jeunes immigrés, confrontés à des difficultés particulières lors de l'insertion dans la vie professionnelle.

Le regroupement familial précoce, prévu par la nouvelle loi, aura sans doute un impact positif, mais les offres spéciales pour les jeunes étrangers à côté des structures régulières resteront nécessaires également à l'avenir.

Le travail auprès des parents - "pas toujours facile", reconnaissent les spécialistes - revêt une importance particulière pour les immigrés.

Ecole jusqu'à 18 ans: le scepticisme

La proposition de la CSIAS d'une formation obligatoire jusqu'à 18 ans rencontre un accueil mitigé.

L'Office fédéral de la formation professionnelle indique que l'âge moyen pour commencer un apprentissage est déjà de 18 ans.

Pour Economiesuisse, le projet n'est pas assez mûr: ce n'est pas la durée mais la qualité de la formation qui doit être améliorée.

L'USS et l'USAM se montrent également très sceptiques face à cette mesure.

En revanche, le PS et la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique soutiennent une prolongation de l'école obligatoire de deux ans.