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L'Eurogroupe s'accorde sur un plan de soutien de 500 milliards d'euros

L'Eurogroupe accorde plus de 500 milliards pour relancer l'économie face au virus.
L'Eurogroupe accorde plus de 500 milliards pour relancer l'économie face au virus. / 19h30 / 1 min. / le 10 avril 2020
Les ministres européens des Finances sont parvenus jeudi à un accord sur une réponse économique commune face au coronavirus. Ils ont trouvé un terrain d'entente avec les Pays-Bas qui bloquaient les discussions depuis mardi.

"La réunion s'est achevée sous les applaudissements des ministres", a annoncé sur Twitter le porte-parole du président de l'Eurogroupe aux alentours de 22h00. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a lui salué un "excellent accord", incluant "500 milliards d'euros disponibles immédiatement" et "un fonds de relance à venir".

Ce consensus constitue un soulagement pour les Européens qui parviennent à afficher une unité face aux conséquences économiques désastreuses du virus. Des semaines d'atermoiements ont mis en évidence une fracture béante entre les pays du Nord et ceux du Sud.

>> Les précisions d'Isabelle Ory depuis Bruxelles :

L'accord économique des 27: Les précisions d'Isabelle Ory, correspondante auprès de l'UE.
L'accord économique des 27: Les précisions d'Isabelle Ory, correspondante auprès de l'UE. / 12h45 / 2 min. / le 10 avril 2020

Profonde récession

Face à la pandémie, la réponse européenne doit s'orienter sur trois axes principaux : jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie de 200 milliards d'euros pour les entreprises et jusqu'à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel. La brûlante question des "coronabonds", destinés à soutenir l'économie à plus long terme après la crise, considérée comme moins urgente, n'a pas été tranchée jeudi.

Les chefs d'Etat et de gouvernement, qui n'étaient eux-mêmes pas parvenus à s'entendre lors d'un sommet le 26 mars, devront encore valider ces propositions.

Une réponse unitaire était d'autant plus indispensable que l'économie européenne se dirige en 2020 vers une profonde récession. Les contacts bilatéraux s'étaient multiplié depuis deux jours, avec la "volonté d'aboutir à un compromis avant la réunion" par visioconférence, initialement programmée à 17h00, mais qui n'a débuté qu'à 21h30.

Pays-Bas sous le feu de la critique

Mercredi matin, après seize heures d'échanges stériles, La Haye avait été unanimement critiquée pour son inflexibilité. Les Etats membres reprochaient aux Pays-Bas -soutenus, selon une source européenne, par l'Autriche, la Suède et le Danemark- de bloquer l'activation du Mécanisme européen de stabilité (MES) en conditionnant strictement les prêts que pourrait octroyer ce fonds de secours de la zone euro à des réformes économiques.

Une telle "conditionnalité", qui renverrait à l'époque où la Grèce a été contrainte de mettre en oeuvre des réformes parfois douloureuses en échange d'argent frais, aurait été vécue comme une humiliation par Rome et Madrid. Ces deux pays européens sont pour l'instant les plus touchés par l'épidémie.

Créé en 2012 lors de la crise de la dette et financé par les Etats membres, le MES pourrait prêter aux Etats jusqu'à 2% de leur PIB, soit jusqu'à 240 milliards d'euros pour l'ensemble de la zone euro.

>> Interview de Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances :

Les ministres européens des finances ont trouvé un accord économique. Précisions de Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie et des Finances.
Les ministres européens des finances ont trouvé un accord économique. Précisions de Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie et des Finances. / 19h30 / 3 min. / le 10 avril 2020

afp/nr

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"Eurobonds", la ligne rouge

Les pays les plus affectés par le virus, en particulier l'Italie, réclament la création d'un "fonds" de relance qui puisse être financé par de la dette commune, sous la forme d'euro-obligations parfois appelées "coronabonds" ou "eurobonds". Parmi ces pays figurent aussi l'Espagne et la France, ainsi que la Grèce, Malte, le Luxembourg ou l'Irlande, selon des sources concordantes.

Or, la mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour Berlin et La Haye, qui refusent de s'inscrire dans une démarche commune avec les Etats très endettés du Sud, jugés laxistes dans leur gestion. Le texte final évoque un "fonds de relance" dont "les aspects juridiques et pratiques", notamment le "financement" devra encore être défini.

Un plan de relance "vert" demandé

Des ministres européens de l'Environnement ont appelé vendredi à ce que les plans de relance post-épidémie de coronavirus prennent en compte les questions d'environnement et de climat.

L'heure est à la lutte contre l'épidémie, mais "nous devrions nous préparer à reconstruire nos économies en introduisant des plans de relance destinés à redonner à l'Europe et à ses citoyens un progrès et une prospérité rénovés et soutenables", écrivent-ils dans un texte publié par le site climatechangenews.com

"Nous devons résister à la tentation de solutions à court terme en réponse à la crise actuelle qui risquent d'enfermer l'UE dans une économie basée sur les énergies fossiles pour des décennies", avertissent-ils.

"La leçon du Covid-19 est qu'il est essentiel d'agir rapidement. Nous devons donc tenir nos ambitions pour réduire les risques et les coût de l'inaction dans les domaines du changement climatique et de la perte de biodiversité", poursuivent-ils.

Ils appellent à une "réponse européenne commune" dans le cadre du 'Green deal' européen annoncé par la commission de l'UE, et à "accroître les investissements, particulièrement dans les domaines de la mobilité soutenable, de l'énergie renouvelable, la rénovation des bâtiments, la recherche et l'innovation, le rétablissement de la biodiversité et l'économie circulaire".