Le tableau peint par l'Union syndicale suisse (USS) est noir: entre fin mars et le 9 avril, 10'000 personnes sont tombées dans le chômage alors que, lors des récessions précédentes, la Suisse n'enregistrait que 4000 chômeurs de plus par mois. Outre cette vague de licenciements, un quart des salariés se retrouvent aujourd'hui au chômage partiel.
Coup de pouce pour les primes maladie
L'USS demande en conséquence un coup de pouce et notamment une réduction des primes maladie. "Si vraiment on voit que l'activité ne redémarre que très lentement et que la consommation est gravement touchée, il y a toujours une solution: c'est de faire un geste du côté de l'assurance maladie, parce que l'assurance maladie touche tout le monde", remarque son président Pierre-Yves Maillard mercredi dans le 12h30.
"C'est clair que cela génère des coûts mais une activité qui reste au niveau où elle est pendant trop longtemps, ça aura aussi des coûts sociaux absolument énormes", poursuit le Vaudois. "Il vaut mieux soutenir l'activité que de soutenir ensuite des dépenses d'aide sociale qui explosent".
Inverser la logique actuelle
Compte tenu des coûts sociaux de la pause actuelle, l'USS est d'avis que l'activité économique doit reprendre si les conditions sanitaires sont remplies. Mais pour entamer un déconfinement, elle exige que les autorités changent de stratégie et inversent la logique.
La faîtière syndicale cite comme exemple les personnes vulnérables: aujourd'hui, elles doivent se rendre sur leur lieu de travail si elles ne peuvent pas télétravailler, alors que ce sont elles les plus fragiles face à l'épidémie. Moins à risque, les enfants et les jeunes, eux, sont confinés. L'USS se bat depuis plusieurs semaines pour que les choses changent, mais sans succès jusqu'à maintenant.
Renforcer l'inspection du travail
Autre exemple: les contrôles sanitaires. Là aussi, pour Pierre-Yves Maillard, les autorités se trompent de combat. "Les cantons ont les moyens de faire respecter les règles quand il s'agit de sanctionner des jeunes qui jouent à six sur un terrain pour une fois prendre l'air. Là, on a des forces de police qui interviennent", fait-il remarquer. "Pourquoi est-ce que cela n'est pas possible dans le monde du travail? Il s'agit de reconfigurer un peu les moyens de contrôle et de répression de l'Etat".
Pour l'USS, il ne faut pas se focaliser sur la vie civile mais sur la sphère professionnelle: les forces de l'ordre pourraient être formées pour pouvoir épauler l'inspection du travail, qui manque cruellement d'effectifs.
Cléa Favre/oang