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Le coronavirus risque d'anéantir les progrès réalisés dans les pays pauvres

Le président de la Banque mondiale David Malpass. [Keystone - Erik Lesser]
Le président de la Banque mondiale David Malpass. - [Keystone - Erik Lesser]
La crise économique causée par la pandémie de coronavirus risque d'effacer les progrès en matière de développement enregistrés ces dernières années dans les pays pauvres, a prévenu vendredi la Banque mondiale.

L'institution de Washington a pris de multiples engagements auprès des pays les plus vulnérables, en particulier d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, s'engageant à fournir 160 milliards de dollars au cours des quinze prochains mois pour le financement de projets sur le terrain (aide au dépistage, mise en place de cordons sanitaires, équipement médical).

Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a de son côté plaidé pour la suspension de la dette de tous les pays en développement, pas seulement des plus pauvres. Selon lui, le continent africain à lui seul a besoin de plus de 200 milliards de dollars pour faire face à la pandémie.

"Nous avons une longue route devant nous"

Ces aides seront toutefois "clairement insuffisantes" alors que ces pays manquent de presque tout, a jugé le président de la Banque mondiale David Malpass vendredi à l'occasion d'une réunion virtuelle.

"Si nous n'agissons pas rapidement pour renforcer les systèmes et la résilience (de ces pays), les progrès de développement enregistrés ces dernières années peuvent facilement être perdus", a-t-il commenté.

"Nous avons une longue route devant nous", a-t-il également prévenu, soulignant "une crise sans précédent, dont les effets sanitaires, économiques et sociaux sont dévastateurs dans le monde entier".

Moratoire de la dette contre surveillance

Le FMI et la Banque mondiale ont été à l'initiative de moratoires sur la dette des pays les plus pauvres pour leur permettre d'affronter la crise. David Malpass a présenté des mesures pour s'assurer que les pays en bénéficiant se montrent transparents sur leur dette et sur la manière dont ils vont faire usage du budget dégagé.

Si les pays en voie de développement sont transparents, "ils sont beaucoup plus attrayants pour les investissements rentables provenant du monde entier et des secteurs privés du monde entier", a-t-il argué.

En contrepartie du moratoire annoncé cette semaine, "il y aura une surveillance de la façon dont les gouvernements utilisent l'espace budgétaire créé par l'allégement de la dette".

"Si un gouvernement économise de l'argent en ne payant pas ses créanciers, on s'attend à ce qu'il l'utilise pour la santé, l'éducation, la reconstruction économique, pour l'allouer à des moyens concrets pour aider les habitants", a-t-il insisté.

>> Réécouter l'interview de Guy Ryder, directeur général de l'Organisation Internationale du Travail, dans La Matinale :

Guy Ryder, directeur du Bureau international du travail (BIT). [Salvatore Di Nolfi]Salvatore Di Nolfi
Guy Ryder, directeur général de l'Organisation Internationale du Travail / L'invité-e de La Matinale / 10 min. / le 15 avril 2020

afp/boi

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L'Afrique a encore besoin de 44 milliards

Il manque 44 milliards de dollars à l'Afrique pour lutter contre la pandémie du coronavirus, ont estimé vendredi la Banque mondiale et le FMI, à l'issue d'une réunion consacrée à la mobilisation pour ce continent.

"Ensemble, les créanciers officiels ont mobilisé jusqu'à 57 milliards de dollars pour l'Afrique en 2020", indiquent-ils dans un communiqué commun.

Une aide cruciale

"Le soutien des créanciers privés pourrait s'élever à environ 13 milliards de dollars. C'est un début important, mais le continent a besoin d'environ 114 milliards de dollars en 2020 dans sa lutte contre le Covid-19, ce qui laisse un déficit de financement d'environ 44 milliards de dollars", ajoutent-ils.

L'aide internationale est cruciale pour ce continent caractérisé notamment par un fort taux d'emplois informels. Pour la seule région d'Afrique subsaharienne, ces emplois représentent 89% des travailleurs.