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Un recul historique et un redémarrage timide pour la croissance chinoise

L'économie chinoise redémarre timidement. Car elle doit faire face à une baisse de la demande venant des Etats-Unis et d'Europe
L'économie chinoise redémarre timidement. Car elle doit faire face à une baisse de la demande venant des Etats-Unis et d'Europe / 19h30 / 2 min. / le 17 avril 2020
Le PIB de la Chine a enregistré une baisse vertigineuse de 6,8% au premier trimestre. Accentuée par la crise du Covid-19, la chute de la demande mondiale complique encore la reprise de l'activité. Pékin promet d'injecter 135 milliards de francs pour venir en aide aux PME.

Après la lutte contre la pandémie s'engage aujourd'hui la bataille pour relancer l'activité économique et industrielle du géant chinois.

Alors que le volume des exportations diminue et qu'une grande partie des économies mondiales tombent en récession, la chute de la consommation intérieure, l'un des facteurs clés de la croissance chinoise, inquiète les dirigeants de la deuxième économie mondiale.

Pour la Chine, ce recul de près de 7% du Produit intérieur brut (PIB) constitue la plus mauvaise performance depuis le début des publications trimestrielles du PIB par la Chine au début des années 90. Au dernier trimestre 2019, la croissance s'était inscrite à 6% sur un an.

Un redémarrage sous tension

Après un mois de février catastrophique, l'économie chinoise est toutefois dans une phase de redémarrage. Une reprise d'activité en douceur car les usines chinoises doivent désormais composer avec une baisse très conséquente de la demande mondiale et faire face aux difficultés de sa clientèle en Europe et aux Etats-Unis.

Pékin doit gérer un contexte sanitaire toujours sensible avec la crainte de voir émerger une deuxième vague de la pandémie. Depuis la reprise de l'activité en Chine, tous les matins, un nouveau rituel attend les employés. Ils doivent désormais se soumettre à un test de température et se laver les mains. Dans certaines sociétés, ils doivent également désinfecter leurs téléphones portables.

Une crise encore plus grave qu'en 2009

Sans l'instauration de ces mesures sanitaires, Nicolas Musy, un entrepreneur fribourgeois installé en Chine depuis 30 ans, n'aurait jamais été autorisé à rouvrir ses lignes de productions. Actif dans le secteur de la santé, des télécommunications et de l'automobile, il redoute l'ampleur de cette crise, inédite par son ampleur et sa gravité.

"Cette crise sera plus grave que celle de 2009. C'était une crise financière mondiale, mais la Chine avait mis alors en place des programmes de stimulation économique et la croissance en Chine avait été de presque 9%, alors que cette année on s'attend au mieux à une croissance de 3%", confie-t-il vendredi dans le 19h30.

Aujourd'hui, ses chaînes de production sont en ordre de marche et tous employés sont mobilisés, ce qui ne l'empêche pas de s'inquiéter, car il constate une baisse de 20% de la demande pour les pièces destinées au secteur automobile. "En Chine, avec les mesures de déconfinement, les gens n'ont pas pu acheter de voitures. C'est le reflet d'une situation qui se produit maintenant en Europe et dans le reste du monde avec l'effondrement du marché automobile."

Des PME en grande difficulté

Dans tout le pays, de nombreuses PME s'apprêtent à vivre des mois difficiles. A Shanghai, Xiang Chengjuan tient un petit atelier de confection de costumes sur mesure. Le mois dernier, son chiffre d'affaires a été divisé par deux: "Mes clients étrangers ont des difficultés en ce moment, donc même si je signe une grosse commande avec eux, si l'épidémie s'aggrave, je sais que j'aurai du mal à être payé et à faire face."

Pour aider les PME en difficulté, Pékin annonce des mesures de soutien aux entreprises avec la mise en place d'un programme d'aide ambitieux chiffré à 135 milliards de francs. Mais cette chute brutale de l'activité fait douter de la capacité de Pékin à tenir ses objectifs de croissance annuelle.

Selon les médias officiels, la Chine vise officiellement un taux de croissance de 5,5% pour l'année 2020. Mais Pékin devra peut-être revoir ses objectifs à la baisse et anticiper une récession encore plus grave. Le Fonds monétaire international a d'ailleurs réduit ses prévisions pour la Chine, tablant pour 2020 sur une croissance de seulement 1,2%. Un objectif minimal pour que Pékin puisse tenir son ambition de doubler son PIB d'ici la fin de cette décennie.

Officiellement, la dernière récession du géant asiatique remonte à 1976, année de la mort de Mao. A tout juste un an du centenaire du Parti communiste, relancer et maintenir à flots l'économie du pays constitue un enjeu stratégique de taille pour le président Xi Jinping, tout puissant artisan de la renaissance chinoise.

>> Voir aussi l'interview de François Savary, responsable des investissements chez Prime Partners, dans Forum :

L'économie chinoise s'est effondrée au premier trimestre: interview de François Savary
L'économie chinoise s'est effondrée au premier trimestre: interview de François Savary / Forum / 3 min. / le 17 avril 2020

Olivier Kohler/Antoine Védeilhé/boi

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