Les taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) vont
progressivement fléchir d'ici fin 2007, à mesure que les
exportations se tasseront et que la construction stagnera. La
consommation privée constituera le pilier du phénomène, a précisé
vendredi à Zurich Jan-Egbert Sturm, directeur de centre de
recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale
de Zurich (EPFZ).
Pour 2009, le KOF table sur une hausse du PIB de 2%. Pour
l'année en cours, tout comme l'an prochain, les chercheurs
zurichois n'attendent pas de hausse généralisée des prix, malgré le
renchérissement du pétrole et des loyers. Les prix à la
consommation devraient augmenter de 0,6% en 2007, de 1,2% l'an
prochain et de 0,9% en 2009. Une évolution qui reflète
essentiellement les hausses de loyers qui pourraient atteindre 3%
ces prochains trimestres, à la suite des relèvements des taux
hypothécaires.
Manque de main-d'oeuvre prévu
Dans un tel contexte de stabilité des prix, le récent
resserrement de la politique monétaire de la Banque nationale
suisse (BNS) aura sans doute été le dernier du cycle actuel. La
bonne santé de l'économie ne restera pas sans effet en matière
d'emploi. Les enquêtes et indicateurs disponibles laissent
désormais apparaître une forte demande de main-d'oeuvre.
Et pour la première fois depuis la dernière période de haute
conjoncture, soit vers 2000, un manque en la matière est à nouveau
mentionné comme obstacle à la production. Le taux de chômage va
donc poursuivre son repli, pour s'établir à 2,7% cette année et
2,2% en 2008. Il devrait atteindre son plus bas niveau au premier
semestre de l'an prochain pour remonter ensuite à 2,5% jusqu'à fin
2009.
L'expansion mondiale va continuer
De manière générale, l'économie mondiale va poursuivre sa
vigoureuse expansion, même si l'accroissement du PIB marquera un
léger ralentissement. Une baisse de rythme essentiellement due à
l'évolution de l'économie américaine, sans que cette dernière ne
tombe toutefois en récession, a noté Jan-Egbert Sturm.
La correction observée sur le marché américain de l'immobilier, et
l'agitation des marchés financiers qui l'a suivie, ne restera pas
sans conséquences sur la consommation des ménages
d'outre-Atlantique. Mais en dépit des incertitudes boursières, les
autres régions de la planète continueront de bénéficier d'un
environnement favorable.
Effet limité de la crise des subprimes
Les répercussions économiques consécutives aux remous affectant
les places financières restent limitées, d'autant plus que les
banques centrales ont réagi à temps et avec détermination en
injectant des liquidités, selon Jan-Egbert Sturm. Reste qu'aux
Etats-Unis, les perspectives sont modérées du fait de la
détérioration des conditions de financement et de son impact sur
les dépenses des ménages.
Dans la zone euro, la bonne conjoncture va se maintenir, à la
faveur du regain d'activité en matière d'investissements et de
l'amélioration sur le front de l'emploi. L'économie japonaise
devrait pour sa part continuer à se stabiliser en raison de
perspectives d'investissements favorables.
ats/hof
Prévisions de la BNS
Jeudi, la Banque nationale suisse donnait aussi ses prévisions en matière de croissance.
La BNS a ainsi maintenu ses prévisions sur l'évolution de l'économie helvétique.
Malgré les risques liés aux turbulences des marchés financiers, elle s'attend à une croissance inchangée de 2,5%.
L'essor conjoncturel va se poursuivre au deuxième semestre en Suisse, estime la BNS dans son appréciation de la politique monétaire publié jeudi.
Les prévisions sur l'inflation contiennent de grandes incertitudes.
Certains risques peuvent influencer le renchérissement aussi bien vers le haut que vers le bas.
A la mi-septembre, la BNS a relevé de 0,25% son taux directeur à 2,75%, surprenant son monde.
Elle est confiante dans la robustesse de l'économie suisse, avec une croissance à 2,8% en rythme annuel au deuxième trimestre, et maintient sa prévision de hausse du produit intérieur brut (PIB) réel à 2,5% cette année.
Entreprises confiantes
La plupart des entreprises, tous secteurs confondus, s'attendent à conclure l'année 2007 sur de bons résultats, selon une enquête de la BNS. Les turbulences sur les marchés financiers les préoccupent néanmoins.
La plupart des interlocuteurs prévoient une croissance forte, voire très forte, des ventes et des commandes. Certains parlent même d'une année record. Les entreprises des différentes branches économiques ne s'attendent pas à un ralentissement prochain.