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La fonte des dépenses des Suisses, miroir de la crise économique en cours

Confinés, les Suisses réduisent massivement leurs dépenses, selon des chiffres obtenus par la RTS. Plusieurs secteurs voient la quasi-totalité de leurs revenus s'évaporer. Dans ce contexte exceptionnel, le budget en alimentation est pratiquement le seul à augmenter.

Durant le premier mois du confinement, les clients de PostFinance ont dépensé 21% en moins comparé à la même période l'année dernière, révèlent des données fournies par l'organisme financier à la RTS. De 2,85 milliards francs, cette somme a chuté à 2,25 milliards.

Ces montants représentent 80% du volume total des transactions. Pour des raisons de confidentialité, certaines informations (produits financiers, impôts...) n'ont pas été partagées.

En ignorant des factures incompressibles, telles que les loyers ou les achats alimentaires, le glissement devient encore plus impressionnant et atteint les 30%.

Seuls deux secteurs économiques jouissent actuellement d'une croissance: l'alimentation ainsi que les communications et médias. Tous les autres s'effondrent à des degrés divers.

Autre indicateur des perturbations en cours: la baisse de près de 50% des retraits en espèces. La perte de vitesse du cash illustre d'une part le ralentissement économique en cours, mais aussi un report sur la vente en ligne et sur l'utilisation des cartes dans les magasins restés ouverts.

Victime directe des limitations de mouvements, le secteur du tourisme fait face à une chute libre. Les sommes dédiées à la réservation de chambres d'hôtels et de vols d'avions ont fondu de 85%. Fermées alors que la saison d'hiver n'était pas encore terminée, les remontées mécaniques ont quasiment disparu du budget.

La mobilité réduite de ces dernières semaines se constate sur le porte-monnaie des Suisses, qui y consacrent beaucoup moins d'argent. Les sommes dédiées aux transports publics chutent de près de 60%, mais le nombre de transactions ralentit encore plus (-77%). Les achats de vélos et d'accessoires souffrent (-25%), mais moins que le marché des véhicules à moteur (-42%).

Fermeture des restaurants, des théâtres et des cinémas, annulation des événements sportifs et des concerts: les dépenses relatives aux sorties et aux activités sportives ont sans surprise également été fortement touchées.

Avec la multiplication des repas à la maison, et peut-être une tendance à maintenir des réserves, les dépenses aux supermarchés ont explosé de 36%. A noter que ce poste de dépenses était déjà le plus important avant même l'arrivée de la crise du coronavirus.

Les livraisons de plats préparés ont également été renforcées, avec un budget en hausse de 28%.

Autre secteur où la demande a augmenté: les communications et les médias. Enfermés chez eux, les Suisses dépensent désormais plus pour des services multimédias.

Le frein de l'activité commerciale se constate dans la quasi-totalité des marchés de biens de consommation. L'habillement, mais surtout les chaussures, font les frais des sorties limitées. Seule exception: les articles pour enfants, avec une augmentation de 16%.

Les coiffeurs, l'un des premiers services qui devrait rouvrir selon le plan de déconfinement du Conseil Fédéral, ont vu leurs revenus disparaître avec la fermeture de leurs locaux.

Si les dépenses en pharmacie ont augmenté de 12%, le milieu médical facture moins (-17%), les patient limitant leurs consultations durant cette crise sanitaire.

Serait-ce un effet de la baisse générale des dépenses combinée à une situation de crise inédite? Dans tous les cas, les clients de PostFinance ont augmenté leurs dons. Les sommes allouées aux oeuvres caritatives et ONG sont en hausse de 21%.

Marc Renfer

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