Les 27 Etats de l'UE se retrouvent jeudi après-midi pour un quatrième sommet via visioconférence depuis le début de la crise du nouveau coronavirus.
"Je suggère que nous nous mettions d'accord pour travailler sur l'établissement d'un tel fonds aussi vite que possible", écrit le président du Conseil européen Charles Michel dans sa lettre d'invitation aux chefs d'Etat et de gouvernement publiée mardi soir.
La Commission européenne devrait se voir confier la mission de travailler rapidement sur le sujet, ce qui constituera "le principal résultat du Conseil", anticipe une source européenne.
Mais les Etats-membres ne parviennent pas, pour le moment, à s'entendre sur la façon de relancer le moteur économique alors que l'UE devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année selon les prévisions du FMI. Contrairement à l'habitude, les 27 ne devraient du reste adopter aucune déclaration commune à l'issue de leur réunion.
Les vieux clivages nord-sud de retour
Car les vieux clivages auxquels on avait déjà assisté après la crise financière de 2009 ont réapparu au grand jour. D'un côté les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie comme l'Italie et l'Espagne, réclament davantage de solidarité financière à leurs voisins du Nord.
Mais ces derniers, en particulier l'Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des Etats à qui ils reprochent de ne pas avoir fait preuve de discipline budgétaire pendant les années de croissance.
"Les pays du Sud ont l'impression que certains Etats, actuellement plus forts économiquement, vont utiliser cette crise pour l'être encore davantage. Et ceux du Nord pensent que leurs voisins du Sud vont profiter de la pandémie pour leur léguer le fardeau de la dette qu'ils ont contractée par le passé", résume un haut responsable européen.
Le poids du tourisme et des PME
Pour Carsten Brzeski, chef économiste chez ING, non seulement les pays du Nord sont moins touchés par la crise, mais en plus ils en sortiront plus tôt que les pays du sud. Interrogé dans le 12h30, ce spécialiste relève que les secteurs économiques les plus affectés sont le tourisme et les PME, "qui pèsent beaucoup plus lourd dans l’économie des pays du sud de l’Europe que dans celle des pays du Nord".
"Si on considère les mesures prises par les gouvernements jusqu’à maintenant, le stimulus est beaucoup plus fort dans les pays du Nord que dans les pays du Sud", fait-il également remarquer.
Le financement du fonds en question
De l'avis de tous les Etats européens, le plan de relance devrait être de plusieurs centaines de milliards d'euros, mais un montant définitif est encore loin d'être acté. Sur l'épineuse question de son financement, différentes options ont été présentées, mais aucune ne fait pour l'instant l'unanimité.
Rome, Madrid ou Paris plaident pour un endettement commun, sous des formes variées, que l'on a souvent résumé par le terme de "coronabonds".
La question se pose également sur le lien entre le fonds de relance et le budget à long terme de l'UE, qui doit en principe être adopté d'ici la fin de l'année pour la période 2021-2027.
afp/oang
Paris tente de contourner l'opposition des pays du Nord
"Plusieurs pistes sont imaginables. Ce fonds de relance peut être dans le budget européen ou en dehors, l’important est son volume et de prévoir un endettement commun", a déclaré le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dans une interview diffusée mardi soir par le quotidien Ouest-France.
Paris s'efforce de contourner l'opposition de pays du nord de l'Europe, comme l'Allemagne et les Pays-Bas, à la perspective d'une émission de dettes communes ("corona bonds") au niveau des Vingt-Sept.
D'où la proposition d'un fonds de relance européenne qui serait doté d'au moins 1000 milliards d'euros et ne servirait qu'à soutenir des investissements d'avenir.
L'Allemagne prête à contribuer davantage
Angela Merkel a déclaré jeudi que l'Allemagne était prête, "dans un esprit de solidarité", à des "contributions beaucoup plus importantes" au budget de l'Union européenne, en pleine récession due à l'épidémie.
"Un plan européen de relance économique pourrait soutenir la reprise au cours des deux prochaines années et nous y travaillerons", a ajouté devant les députés allemands la chancelière avant le sommet des 27.