Dans ce contexte, l'ONG Public Eye met en garde contre d'importants risques de gaspillage. L'organisation craint en outre que les enseignes prennent la décision de détruire leurs stocks de printemps impossibles à écouler.
"On ne peut toutefois que le soupçonner car la plupart des enseignes de la mode ne communiquent pas sur le sort de la marchandise invendue. C'est un tabou dans cette industrie parmi les plus polluantes au monde", regrette Géraldine Viret, porte-parole de Public Eye.
Quel comportement des entreprises suisses ?
La situation des pays producteurs inquiète également l'ONG. Les marques ont en effet annulé "de manière irresponsable" des commandes déjà exécutées ou en cours, explique la porte-parole, "rien qu'au Bangladesh, où les habits représentent 84% des exportations, les grandes marques ont annulé ou repoussé pour au moins 3,1 milliards de dollars de commandes depuis le début de la crise".
Face à la pression publique, une série de grandes marques internationales comme Inditex (Zara), H&M ou Nike se sont finalement engagées à régler les commandes réalisées ou en cours. "La question est de savoir comment les entreprises suisses, qui se fournissent principalement en Chine, au Bangladesh et en Inde, se comportent face à des situations écologiques et humanitaires complexes".
Appel à la responsabilité des consommateurs
"Les enseignes orientées sur le modèle de la 'mode éphémère', qui renouvellent très fréquemment leurs collections, se lanceront certainement dans une guerre des rabais dès que les magasins pourront rouvrir, indique Géraldine Viret, porte-parole de Public Eye. "Elles ont déjà commencé à le faire en ligne".
Le comportement des consommateurs pourrait les encourager. "Beaucoup de personnes réalisent en ce moment qu'elles peuvent vivre en achetant moins de vêtements et de manière différente, loin des logiques de la mode éphémère", constate Géraldine Viret. "Mais il est difficile de savoir si cela va se traduire par des changements de comportement à long terme", conclut-elle.
ats/jop