L'USAM n'y croyait d'abord pas, mais après avoir vérifié les informations données entre autres par des journalistes, elle a constaté qu'il restait possible d'acheter des articles non-autorisés chez Coop et Migros.
En effet, malgré les rubans d'interdiction d'accès, l'USAM estime qu'il reste possible d'insérer ces produits dans un panier sans qu'ils soient ensuite bloqués aux caisses.
L'Union suisse des arts et métiers dénonce ainsi une violation des restrictions de vente et une concurrence déloyale. Elle a adressé en ce sens un courriel aux sept conseillers fédéraux et une lettre recommandée aux présidents des conseils d'administration de Coop et Migros.
"On n'admet pas que la jurisprudence ne soit pas respectée"
André Berdoz l'admet volontiers, l'USAM est très "remontée" contre Coop et Migros. Le vice-président de la faîtière rappelle qu'une ordonnance a été établie par le Conseil fédéral et qu'il convient de la respecter:
"La jurisprudence a été établie il y 6 semaines par le Conseil fédéral. Je parle de l'ordonnance 2 de lutte contre le Covid-19, qui me paraît assez claire: seuls les denrées alimentaires ou les biens de consommation courante peuvent être vendus." Or pour le Vaudois, cette disposition n'est pas respectée par ces entreprises de distribution:
"Le 23 avril dernier, deux de nos membres nous ont appelés. Sur la base de renseignements de journalistes, ils ont appris qu'à la Migros ou à la Coop, on pouvait encore vendre des articles en dehors de ce qui était autorisé. Ils se sont alors rendus sur place et ont pu acheter des jouets ou encore du textile. C'est passé à la caisse et personne ne leur a rien dit. Nous avons reçu des comptes-rendus et le vendredi 24, nous avons décidé une attaque qui est pour le moins claire. On n'admet pas que la jurisprudence ne soit pas respectée."
L'USAM promet en effet de déposer une plainte pénale si les groupes Coop et Migros n'obtempèrent pas.
"Le commerce de détail souffre énormément"
André Berdoz rappelle que les petits commerces ont dû fermer leurs portes il y a déjà six semaines et qu'ils souffrent énormément de cette situation. "Il y aura malheureusement beaucoup de faillites", explique-t-il.
Dans ces conditions, il estime que la loi doit être "valable et applicable" pour tout le monde.
Questionné sur la notion de "biens de première nécessité", il concède toutefois un flou et admet qu'il peut y avoir des situations exceptionnelles poussant un consommateur à avoir certains besoins spécifiques, qui sortent un peu du cadre légal. Dans ces cas-là, il rappelle le succès de la vente par correspondance, qui peut pallier cette problématique.
Pour conclure, celui qui est également président de la Chambre vaudoise de l'USAM se dit toutefois confiant pour la suite:
"Nous sommes prêts à saisir la justice, mais je fais confiance à Coop et à Migros, qui vont peut-être nous donner une confirmation. Ils ont conscience de ce qu'il se passe, ils connaissent la situation et vont sans doute respecter les normes. Mais si ce n'est pas le cas, nous envisageons en effet de déposer une plainte pénale".
Le porte-parole de Migros dément
Présent dans le 12h30 pour répondre à ces accusations, Tristan Cerf, porte-parole de Migros pour la Suisse romande, tient à démentir. Il estime que la Migros suit les règles édictées par le Conseil fédéral. Il admet toutefois qu'une très faible minorité des clients peuvent ici et là, passer en caisse des articles qui sont interdits à la vente.
Il réfute cependant les critiques qui affirment que ces actes isolés seraient le fruit d'une politique délibérée du groupe.
Propos recueillis par Romaine Morard et Nadine Haltiner
Adaptation web: ther