La crise sanitaire pèsera lourd sur le tourisme suisse. Le risque de faillite est élevé, particulièrement pour l'hôtellerie et la restauration: un établissement sur cinq s'attend à devoir mettre la clé sous la porte.
L'Hôtel Suisse, tenu par la famille Berra à Champéry (VS), a ainsi perdu jusqu'à 200'000 francs de chiffre d'affaires, entre mars et avril. "On espère que quand le Conseil fédéral va décider d'une réouverture totale, les gens n'auront pas trop peur de partir en vacances", espère Camilla Berra, qui gère l'hôtel avec sa sœur Lara.
Le retour des touristes suisses
Près de 700'000 touristes asiatiques s'arrêtent aussi dans la région d'Interlaken (BE) lors de leur voyage en Europe, et leur attraction préférée est le Jungfraujoch. Ils représentent 70% des visiteurs du site. Mais à plus de 100 francs l'excursion, on prévoit de baisser les prix pour attirer les Suisses. "Ça peut aussi être une chance de faire des promotions pour faire visiter des endroits que normalement les Suisses mettent un peu de côté", estime Kathrin Naegeli, porte-parole des chemins de fer de la Jungfrau.
Pour les grandes villes, comme Zurich ou Genève, c'est surtout l'annulation d'événements qui touche la branche. Depuis deux mois, Palexpo est totalement vide: près de 50 manifestations ont été supprimées ou déplacées. Les effets seront considérables pour l'ensemble de la région car les retombées économiques induites par Palexpo se chiffre à presque 600 millions par année.
Quelles vacances pour cet été?
A l'approche du début des vacances estivales, l'incertitude règne, alors que de nombreux Suisses ont tout réservé depuis des mois. Les frontières nationales resteront fermées, au moins jusqu'au 8 juin. Au niveau européen, on parle d'une possible réouverture des frontières dès le 15 mai. Mais la situation n'est pas encore claire pour le trafic ferroviaire et aérien.
Du côté des agences de voyage, l'impact est énorme, avec aucune nouvelle réservation pour l’été. Actuellement, leur travail consiste à annuler ou reporter les vacances des clients. "Tout dépend des conditions générales des prestataires, parfois il est préférable d'annuler maintenant pour ne pas avoir de frais d’annulation, parfois c'est mieux de reporter si la formule le permet", selon Yvan Vasina, directeur de l'agence Delta Voyages.
Ce dernier conseille aussi d’éviter de se projeter vers des destinations lointaines. Cependant, les différents prestataires de voyages favorisent la flexibilité et leurs conditions générales sont souvent allégées, pour permettre aux clients de s'engager avec moins de risques. Une manière aussi d'essayer de relancer un secteur totalement à l'arrêt depuis la mi-mars.
elca