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Les bas salaires, premières victimes de la crise et du chômage partiel

TTC Baisse du pouvoir d'achat chez les bas revenus
TTC Baisse du pouvoir d'achat chez les bas revenus / 19h30 / 5 min. / le 27 avril 2020
Les secteurs économiques dont les salariés ont les revenus les plus bas sont aussi les plus touchés par le chômage partiel. En Suisse, près de la moitié du chômage partiel provient de ces branches, selon des calculs de l'Union syndicale suisse (USS).

Les 1,75 million de salariés inscrits au chômage partiel en Suisse ont perdu en moyenne 600 francs de revenu en ce mois d’avril. Mais selon les premières analyses de l'USS partagées avec l'émission TTC, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.

Les calculs de l'USS - encore appelés à évoluer avec le temps et l'évolution de la crise - révèlent que 44% des travailleurs au chômage partiel proviennent des branches qui paient le moins bien, hôtellerie, restauration et vente en tête.

A l'opposé du spectre salarial, les secteurs qui offrent les meilleures revenus ne sont à l'origine que de 7% du chômage partiel.

En première ligne du ralentissement économique en cours, les transports (75,8% de chômage partiel) et l'hôtellerie et la restauration (72%) sont aussi des secteurs où l'on retrouve les salaires les plus bas.

Logiquement, c'est aussi pour les salariés les moins bien payés que la perte de revenus est la plus douloureuse. "Le mois de mars, ça allait encore, mais le problème c'est avril, c'est un long mois et on ne touche que 80% du salaire", raconte Carla Monteiro, vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter, qui sait déjà que son budget sera serré.

Avec la fermeture du magasin de son employeur, son salaire raboté devrait avoisiner les 2280 francs net, et il "va partir dans les factures".

"Double peine"

Pour Pierre-Yves Maillard, président de l'USS, cette population subit "une double peine". "Lorsqu'elle travaille, elle est exposée et subit plus de risques que ceux qui télétravaillent. Et ceux qui ont dû arrêter ont perdu ces 20% de revenus liés aux règles du chômage partiel."

Cette crise a été "un révélateur d’inégalités sociales qui existent déjà mais qui se sont durcies", souligne Pierre-Yves Maillard, qui craint une perte de pouvoir d'achat "à grande échelle et qui se ressentira sur l'économie lorsqu'elle rouvrira".

Craintes pour le pouvoir d'achat

"Dans un premier temps on va dépenser, car il y a des dépenses que l’on n'a pas faites quand on était en confinement, par exemple aller chez le coiffeur", prévoit Stéphane Garelli. Mais l'effet pourrait être de courte durée, craint le professeur émérite d'économie à l'IMD. "Après un certain temps, probablement deux mois, les gens vont commencer à faire leurs calculs et se rendre compte qu’il y a effectivement une perte du pouvoir d’achat et ils vont devenir extrêmement prudents."

Et l'incertitude sur une éventuelle vague de contaminations pourrait aussi se faire sentir. "Les gens vont se dire 'soyons prudents', car si on nous demande une deuxième fois d'aller en confinement pendant des mois ça sera vraiment une catastrophe."

Une attitude que confirme Carla Monteiro: "Il y a beaucoup de gens dans ma situation. Ils ne vont pas aller tout de suite acheter. Ils ont peur, on a peur du manque d'argent."

Lois Siggen Lopez/mre

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