Avec la crise du Covid-19, certaines entreprises sont tentées d’imposer des vacances à leurs employés, du jour au lendemain.
Cette pratique contestée fait l’objet d’un conflit social inédit dans le monde bancaire. A Genève, l’Association suisse des employés de banque vient de dénoncer BNP Paribas Suisse. Le syndicat a saisi l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail, alerté par de nombreux employés, dit-il. La banque les aurait forcés à poser quatre jours de vacances avant le 8 mai.
"Dans un premier temps, la banque a dit que c’était une obligation", raconte Clément Dubois, responsable régional de l’ASEB. "Nous avons averti la banque que c’était illicite. Elle a eu alors une communication floue, laissant le doute. Mais les managers intermédiaires ont fait pression et exercé des menaces sur l’emploi et sur les bonus futurs, pour imposer aux employés cette obligation de prendre des vacances."
Pratique contestée en Suisse
En Suisse, un patron qui veut forcer un salarié à poser des congés doit l’avertir à l’avance - trois mois à l’avance selon le Secrétariat d’Etat à l’économie - et l’employé doit pouvoir prendre de vrais vacances pour se reposer et changer d'air. La doctrine est divisée sur de possibles exceptions.
En France, en revanche, les entreprises ont le droit d'imposer des congés en ces temps de crise sanitaire. BNP Paribas, d’origine française, a-t-elle voulu appliquer une même pratique à l’ensemble du groupe, faisant fi des différences nationales? Contactée mercredi, l’entité suisse n'a pas souhaité commenter.
Sandrine Hochstrasser/kkub