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Le casse-tête des mesures sanitaires à l'heure de la réouverture des boutiques

L'essayage dans les boutiques de vêtements s'annonce problématique. Les consignes officielles sont très contraignantes
L'essayage dans les boutiques de vêtements s'annonce problématique. Les consignes officielles sont très contraignantes / 19h30 / 2 min. / le 8 mai 2020
Les boutiques de vêtements qui se préparent à rouvrir leur porte font face au casse-tête de l'essayage avant achat. L'Office fédéral de la santé publique ne recommande pas d'isoler les articles, mais certains commerçants ne prendront aucun risque.

Flâner dans les rues, faire du lèche-vitrines, choisir, essayer et finalement reposer le vêtement qui ne tombe pas bien sur les hanches. Des gestes simples qu'il ne sera pas possible de refaire de sitôt.

La réouverture des magasins de vêtements ce lundi s'accompagnera de règles relativement strictes, édictées par l'OFSP, en accord avec la branche.

Mais la tension est palpable chez de nombreux petits commerçants, après deux mois de fermeture et un chiffre d'affaires nul.

Au-delà des recommandations

Le secteur de la mode est très inquiet et compte sur une reprise réussie. Pour ce faire, beaucoup vont tenter de rassurer les clients avec des mesures d'hygiène irréprochables.

Parmi eux, Le Grand Magasin à Genève va imposer aux clients de se désinfecter les mains à l'entrée et le port du masque obligatoire. "Dès que la cliente aura essayé le vêtement, si elle ne veut pas l'acheter, je le mettrai de côté. J'utilise ensuite le défroisseur, que je passe sur le vêtement à 60 degrés", détaille Marie-José Blanquet-Schulthess, propriétaire de la boutique, vendredi dans le 19h30.

Dans la même veine, des grandes marques de mode encouragent l'essayage à domicile, avec notamment une politique de retour de marchandise assouplie. Des mesures de prudence qui vont bien au-delà des recommandations officielles.

Faible risque de transmission

"Après des discussions entre la branche et l'Office fédéral de la santé publique, nous avons conclu que le risque est très très faible pour que le virus se transmette par des surfaces textiles comme des vêtements. Donc il n'est pas nécessaire de les confiner après chaque essayage", explique Elias Welti, secrétaire de l'association faîtière Commerce Suisse, qui regroupe quelque 4000 petites entreprises.

En théorie, le virus ne tiendrait pas plus de 4 heures sur du textile. Mais les études diffèrent et il n'y a pas de consensus sur cette question. Donc pour rassurer la clientèle, certaines boutiques préfèrent en faire trop que pas assez.

Jeu d'équilibriste

La prévention sanitaire devient donc un argument commercial qui peut être à géométrie variable. Un jeu d'équilibriste qui consiste à rassurer les clients, sans les décourager.

A Manor Chavannes (VD), on s'en tiendra aux consignes officielles, que le directeur estime déjà contraignantes: "Ici, le gel hydroalcoolique, là une restriction de quatre personnes au maximum dans les cabines, le marquage au sol pour le respect des distances. A ce jour, nous suivons les recommandations et n'allons pas mettre en quarantaine les vêtements essayés", assure son directeur Laurent Sapin.

Le secteur textile en Suisse estime aujourd'hui avoir perdu 20% de ses ventes annuelles durant le confinement. Cette branche, déjà sous pression depuis des années face à la concurrence en ligne, joue donc son avenir lundi. Sans réouverture réussie, certains devront baisser définitivement le rideau.

Estelle Braconnier/fme

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