Modifié

Swissair: un "management pitoyable"

Le procureur en chef Christian Weber à son arrivée à Bülach
Le procureur en chef Christian Weber à son arrivée à Bülach
Le procès Swissair a repris jeudi à Bülach (ZH) avec les plaidoyers de l'accusation. Selon le ministère public, la faillite de la compagnie n'est pas due aux banques, mais aux erreurs de ses dirigeants, qui n'ont cessé d'ignorer les signaux d'alarme.

Les procureurs ont tenté jeudi de prouver que les
administrateurs de SAirGroup ont fait subir en connaissance de
cause d'importants dommages à SAirGroup et ses créanciers. Pour ce
faire, le procureur adjoint Hanspeter Hirt a récapitulé les
décisions prises en relation avec la stratégie du chasseur depuis
1997.

Gravité de la situation connue

Il a cité de nombreux procès-verbaux montrant que le conseil
d'administration connaissait le danger que les pertes des
compagnies aériennes acquises par SAirGroup faisait peser sur les
finances du groupe. Dès 2000, «les administrateurs ont reconnu le
sérieux de la situation, mais ils n'ont pas eu le courage d'agir»,
a-t-il dit.



Les procureurs n'ont pas été tendres avec les ex administrateurs.
Ils les ont traités «d'incompétents» et leur ont reproché d'avoir
dit oui à la plupart des propositions de la direction sans prendre
le temps de les étudier.



Au lieu de suivre les recommandations de consultants comme
McKinsey, les administrateurs auraient même préféré «la fuite en
avant». Alors que SAirGroup devait impérativement être assaini, ils
ont par exemple accepté début 2001 de recapitaliser «à fonds
perdus» la compagnie belge Sabena alors au bord de la
faillite.



Des participations dans des sociétés rentables comme Gate Gourmet
ou Roscor ont été intégrées dans SAirLines, afin d'effacer le
surendettement des compagnies aériennes du groupe. Ses dirigeants
auraient ainsi voulu cacher aux créanciers la gravité de la
situation.

Banques hors de cause

Swissair n'a pas fait faillite à cause des banques ou à cause du
11 septembre 2001. Si les responsables avaient pris les mesures
adéquates, les banques n'auraient pas refusé leur aide financière,
a estimé le procureur en chef Christian Weber. «Il est faux de dire
que les accusés ont fait de leur mieux pour sauver l'entreprise.»
Si tel avait été le cas, la dette de SAirGroup n'aurait pas crû de
6,8 à 15 milliards durant l'année 2001, a-t-il conclu.



Le procureur Hanspeter Hirt a par ailleurs salué le fait que
l'administratrice et ex-conseillère aux Etats Verena
Spoerry-Toneatti ait versé 1 million de francs dans un fonds
destiné aux ex-collaborateurs de Swissair après le grounding.
D'autres accusés auraient pu faire de même, a dit M. Hirt. Le
ministère public annoncera lundi après-midi les peines qu'il
requiert.



ats/ant

Publié Modifié

Réquisitoire fleuve

Le réquisitoire-fleuve du ministère public se poursuit vendredi.

Jeudi, les procureurs se sont penchés en particulier sur l'assainissement de la société SAirLines au printemps 2001, l'intégration de la société Roscor dans SAirLines, sur la recapitalisation de Sabena et sur les versements aux directeurs de la compagnie polonaise LOT.

Divers délits sont reprochés aux dix-neuf accusés dans ces affaires, dont ceux de gestion déloyale, faux dans les titres et faux renseignements sur des sociétés commerciales.

Le procureur Hanspeter Hirt estime que la culpabilité de la plupart d'entre eux est «forte».

Tous les accusés, sauf Gerhardt Fischer élu en l'an 2000 au conseil d'administration de SAirGroup, auraient disposé de l'expérience et des connaissances nécessaires pour prendre les décisions adéquates, selon M. Hirt.

Saisie d'actes bancaires autorisée

Dans le procès Swissair, le Ministère public zurichois pourra enfin mettre la main sur des documents bancaires auxquels il n'avait pas accès jusqu'ici. Le Tribunal fédéral (TF) a rejeté le recours «manifestement infondé» des banques concernées.

Selon le procureur général Christian Weber au quotidien «Landbote» de jeudi, les dossiers ne peuvent plus être utiles dans le cadre du procès en cours. Ils pourraient toutefois présenter un intérêt dans le cadre de la deuxième procédure, qui traitera des comptes de la compagnie aérienne en faillite. La justice avait scindé la procédure pour éviter la prescription de plusieurs délits après sept ans.