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Procès Swissair: la parole aux lésés

Le liquidateur de Swissair a engagé trois procédures civiles
Le liquidateur de Swissair Karl Wüthrich a eu des mots très durs mardi
Pour la première fois du procès Swissair, les plaignants ont pu faire entendre leurs voix. Une peine plus sévère pour l'ex-patron du groupe Philippe Bruggisser et la comparution de patron de l'UBS Marcel Ospel ont notamment été demandées.

Les représentants des victimes de la débâcle ont unanimement
pointé du doigt les accusés. «Ce ne sont pas les attentats du 11
septembre 2001, mais bien les seuls dirigeants de Swissair qui sont
à l'origine de la débâcle», a expliqué Karl Wüthrich devant le
tribunal de district zurichois.



En sa qualité de liquidateur, ce dernier représente les créanciers
lésés par la disparition du transporteur aérien. Malgré le besoin
impératif d'assainissement au printemps 2001, les prévenus n'ont
jamais produit une approche conséquente en ce sens, a poursuivi
Karl Wüthrich. «Ils sont partis du principe que les pouvoirs
politique et économique ne laisseraient pas tomber la
compagnie.»

Appel à la clémence

A l'instar du grand public, qui nourrit une certaine sympathie à
son égard, Mario Corti, dernier patron du groupe Swissair, a
bénéficié d'un appel à la clémence de la part de Michael Werder,
président du comité des créanciers de SAirGroup, et de Hans-Jacob
Heitz, un temps défenseur des petits actionnaires
alémaniques.



Pour Hans-Jakob Heitz, il ne serait pas juste que Mario Corti paie
seul les pots cassés, alors que l'entreprise était déjà en
difficulté avant son arrivée. Le président du comité des créanciers
de SAirGroup a par ailleurs demandé que le président de l'UBS
Marcel Ospel comparaisse comme témoin, puisqu'il est mis en cause
par Mario Corti.



Michael Werder a pour sa part souhaité voir plutôt le prédécesseur
de Mario Corti, Philippe Bruggisser, écoper en partie d'une peine
de prison ferme. Il a encore comparé Mario Corti à «un capitaine
fait pour naviguer par beau temps, endormi sur le pont en pleine
tempête.»

Avocat de Sabena

Le tribunal de Bülach a également accueilli la plaidoirie de
Stefan Rutgers, l'avocat défendant les intérêts de Sabena, la
compagnie aérienne belge contrôlée par Swissair et qui a sombré
avec le groupe helvétique. Ce représentant a présenté Sabena comme
une victime de la stratégie de la direction de Swissair. La
faillite de Sabena a constitué la fin d'une entreprise exploitée et
abandonnée, a relevé Stefan Rutgers. Le management de SAirGroup a
consciemment opéré un transfert en Suisse au détriment du
transporteur belge.



Sabena s'est muée au fil du temps en une entité chargée d'apporter
des passagers vers la plateforme intercontinentale de Swissair,
a-t-il précisé. Les dirigeants helvétiques ont également obligé la
compagnie belge à décider d'un coûteux changement de flotte, en
renonçant aux avions Boeing en faveur d'Airbus.



Et ce dans le seul but de favoriser SAirTechnics, la filiale de
SAirGroup spécialisée justement dans l'entretien des Airbus. Le
versement contesté de 150 millions de francs à Sabena en février
2001 constituait le respect d'un engagement contractuel, a ajouté
Stefan Rutgers. L'avocat belge a encore annoncé que
l'administrateur de liquidation de Sabena allait déposer des
plaintes personnelles contre des responsables. Elles viendraient
alors compléter les procédures civiles en cours en Belgique et en
Suisse.



agences/sun

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Les principales peines requises

Le Ministère public zurichois a requis lundi des peines de prison allant de 6 à 28 mois et des peines pécuniaires de 38'000 à plus d'un million de francs contre les ex-responsables de Swissair.

Mario Corti est le plus chargé des 19 accusés qui ont tous plaidé non coupable. Il pourrait écoper de 28 mois de prison, dont six mois ferme, assortie d'une peine pécuniaire représentant 360 jours à 3000 francs, soit 1,08 million de francs, avec sursis pendant trois ans, et d'une amende de 10'000 francs.

Une peine de 8 mois de prison, assortie d'une peine pécuniaire représentant 180 jours à 500 francs, soit 90'000 francs, avec sursis pendant trois ans, et d'une amende de 20'000 francs, ont été requis contre l'autre président du conseil d'administration et président de la direction, Eric Honegger.