Si ce vaccin voit le jour, il sera de facto américain. Son inventeur, l'entreprise de biotech Moderna, a signé un contrat de 10 ans avec Lonza, qui prévoit la production, en Suisse et ailleurs dans le monde, d'énormes quantités de vaccins.
Lonza parle d'un milliard de doses chaque année. La production devrait commencer au mois de juillet, avant même de savoir si le produit est efficace ou non. Tout doit en effet aller très vite car cette course revêt de multiples enjeux, comme l'explique Jérôme Schupp, analyste financer chez Prime Partners:
"C'est un enjeu stratégique de guerre avec la Chine et aussi dans le cadres de l'élection présidentielle américaine de novembre. On voit donc l'administration Trump envoyer de l'argent aux entreprises qui ont des projets avancés afin qu'elles puissent les sortir et, par la suite, essayer d'avoir une priorité sur le vaccin, à la condition qu'il y en ait un à court terme".
Une distribution probablement mondiale
Si le vaccin de Moderna se révèle efficace, il reste à savoir si les Américains seront les premiers à en bénéficier. C'est bien l'entreprise américaine qui assurera la commercialisation du produit et non pas Lonza et nul doute que l'administration Trump fera tout pour alimenter sa propre population. Les déclarations du patron du français Sanofi ces derniers jours allaient d'ailleurs dans le même sens.
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Pourtant, les capacités de production de Lonza, étalées sur plusieurs continents, prêtent à penser que la distribution serait mondiale. Des aspects éthiques et de santé publique devraient également jouer dans la balance.
C'est en tout cas l'avis de Jérôme Schupp: "Pratiquement l'entier de l'humanité est touchée par cette maladie. Il faudra des capacités de production très importants, ce qui porte à croire qu'il faudra probablement partager les brevets avec les autres grands producteurs mondiaux de vaccin qui sont américains mais aussi européens, et notamment français."
Alain Arnaud