Comme Bruggisser il y a quelques semaines, Honegger a regretté
la faillite de la compagnie. C'est l'avocat de l'ex-président de
SAirGroup Eric Honegger qui a ouvert les feux jeudi, assurant que
l'accusation de gestion déloyale en relation avec le paiement de
150 millions d'euros à la compagnie belge Sabena ne tient pas la
route.
Non à l'EEE mis en avant
Pour Me Markus Hug, on assiste à une sorte de "procès pour la
galerie". Les avocats ont martelé que les dirigeants tenaient à
Swissair et qu'ils ne sont pas responsables de la débâcle. A leurs
yeux, le non à l'Espace économique européen (EEE) en 1992, puis les
attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont pesé lourd dans la
balance.
Les milieux politiques ont par ailleurs trop peu entrepris pour
supprimer les obstacles nés de la non-adhésion à l'EEE. Me Hug a
également évoqué le "rôle obscur" joué par certains conseillers
fédéraux dans l'échec du projet d'alliance "Alcazar".
Acte d'accusation «last-minute»
Il a aussi sévèrement critiqué l'acte d'accusation, évoquant une
"accusation last-minute bricolée dans l'urgence". Constellé
d'inexactitudes et d'imprécisions, il donne l'impression que le
Ministère public ne savait vraiment pas que reprocher concrètement
aux accusés. Selon lui, n'importe quel voleur de poules ferait
l'objet d'une enquête plus sérieuse.
Rappelons que le procureur a requis contre Eric Honegger huit mois
avec sursis, 180 jours-amende à 500 francs par jour avec sursis
ainsi qu'une amende de 20'000 francs pour gestion déloyale.
L'ancien conseiller d'Etat zurichois âgé de 61 ans est aussi
poursuivi dans une procédure séparée pour fraude fiscale.
Leuenberger et Deiss tancés
Concernant l'élément au coeur des griefs, soit le paiement de
150 millions d'euros à Sabena début 2001, les avocats soulignent
les pressions du gouvernement belge dans le cadre de la signature
des Bilatérales I. Pour y voir plus clair, Me Hug demande
l'audition de plusieurs politiciens: le conseiller fédéral Moritz
Leuenberger et son ex-collègue Joseph Deiss, mais aussi le ministre
belge des entreprises et des participations publiques de l'époque
Rik Daems et le Premier ministre Guy Verhofstadt.
L'avocat précise que la non-ratification des accords bilatéraux
aurait été catastrophique pour l'ensemble du marché aérien. Les
deux conseillers fédéraux attendaient du conseil d'administration
de SAirGroup une attitude en conséquence envers Sabena. Il fallait
respecter le vote du peuple sur les Bilatérales I et ne pas risquer
des répercussions politiques et économiques négatives.
Accusation «dénuée de tout fondement»
L'avocat de Philippe Bruggisser, Lorenz Erni, a lui aussi
critiqué une accusation "dénuée de tout fondement", malgré le zèle
déployé par le Ministère public et un dossier de plus de 4000
classeurs fédéraux.
Patron du groupe entre 1997 et 2001, l'instigateur de la
"stratégie du chasseur", âgé de 59 ans, risque 15 mois avec sursis
pour faux dans les titres et gestion déloyale. Le Ministère public
demande de surcroît une peine de 200 jours-amende à 2000 francs par
jour avec sursis ainsi qu'une amende de 10'000 francs.
agences/ruc/hof
Les principales peines requises
Le Ministère public zurichois a requis lundi des peines de prison allant de 6 à 28 mois et des peines pécuniaires de 38'000 à plus d'un million de francs contre les ex-responsables de Swissair.
Mario Corti est le plus chargé des 19 accusés qui ont tous plaidé non coupable. Il pourrait écoper de 28 mois de prison, dont six mois ferme, assortie d'une peine pécuniaire représentant 360 jours à 3000 francs, soit 1,08 million de francs, avec sursis pendant trois ans, et d'une amende de 10'000 francs.
Une peine de 8 mois de prison, assortie d'une peine pécuniaire représentant 180 jours à 500 francs, soit 90'000 francs, avec sursis pendant trois ans, et d'une amende de 20'000 francs, a été requise contre l'autre président du conseil d'administration et président de la direction, Eric Honegger.
Plaidoiries jusqu'au 9 mars
Les interventions de la défense s'étalent jusqu'au 9 mars.
A l'exception du plaidoyer de l'avocat de Mario Corti, pour lequel deux jours sont réservés, une demi-journée est prévue pour les autres accusés.