Il affirme qu'il aurait pu le faire si l'UBS et la direction de
Crossair ne l'avaient pas coupé dans son élan.
Dans un document remis au Tribunal de district de Bülach (ZH),
Mario Corti et sa cheffe des finances Jacqualyn Fouse expliquent
qu'il était encore possible d'assainir SAirGroup à l'automne 2001.
Leur plan aurait été moins coûteux que la solution adoptée par la
suite, à savoir la création de la nouvelle compagnie Swiss à partir
de Crossair.
Des milliards épargnés?
Quelque 21 milliards de francs auraient été épargnés, selon les
calculs des deux anciens responsables de Swissair présentés par
Paul Ramer, l'avocat de Mario Corti. La débâcle de Swissair a coûté
17 milliards et il a fallu injecter 4,3 milliards pour créer la
nouvelle société, dont il ne reste plus que 72 millions de francs
après sa vente à Lufthansa.
Le Ministère public zurichois reproche notamment aux deux anciens
responsables de Swissair d'avoir tardé à demander le sursis
concordataire. Ces accusations sont sans fondement, a affirmé Paul
Ramer. A fin septembre 2001, avant le grounding, Swissair avait
certes des problèmes financiers, mais elle n'était pas surendettée.
Il n'y avait pas urgence à demander le sursis concordataire et il
était encore possible d'assainir le groupe, a expliqué Paul
Ramer.
Des ventes pour sauver Swissair
Le projet des deux accusés, avalisé par un expert, aurait été
notamment de vendre Swissport et Nuance, deux sociétés saines de
SAirGroup, de recapitaliser le groupe comme prévu début novembre et
de céder des biens immobiliers. Le crédit d'un milliard de la
Confédération s'y serait ajouté pour atténuer les conséquences des
attentats du 11 septembre. Cette solution aurait permis d'éviter
l'immobilisation de la flotte le 2 octobre 2001, les actionnaires
n'auraient pas été lésés et les deux marques «Swissair» et
«Crossair» préservées, a lancé Paul Ramer.
Sur cette base, peut-on accuser Mario Corti et Jacqualyn Fouse de
gestion déloyale et de gestion fautive, a-t-il demandé. Les banques
et la Confédération n'ont pas pris en compte les propositions de
Mario Corti, préférant le plan de nouvelle Crossair. «Nous avons
été freinés à des moments décisifs», a déclaré l'ancien patron de
SAirGroup en marge du procès.
Les Bâlois pointés du doigt
Selon la défense, les responsables de la débâcle de Swissair se
trouvaient à Bâle. Dans une réunion «secrète» à son domicile à fin
septembre, le fondateur de Crossair Moritz Suter aurait proposé à
ses fidèles, parmi lesquels André Dosé qui siégeait à la direction
de SAirGroup, de privilégier Crossair plutôt que Swissair.
Le Bâlois Marcel Ospel, président de l'UBS, aurait appuyé cette
idée et proposé Moritz Suter au conseil d'administration de la
nouvelle compagnie. Le Conseil fédéral et les banques suivront
cette proposition dans les grandes lignes, en créant la nouvelle
Crossair dirigée dans un premier temps par André Dosé.
Le Ministère public a qualifié le projet de Mario Corti et
Jacqualyn Fouse d' «hypothèses». «Ces réflexions n'ont pas été
présentées en septembre 2001, et c'est bien ce qui est reproché», a
dit le procureur.
Mario Corti en larmes
Dans une longue intervention en fin d'audience, Mario Corti a
affirmé avoir toujours agi au mieux et navigué son bateau dans les
pires moments avant de couler avec lui. Son discours terminé avec
des larmes dans la voix a été applaudi par le public.
Mario Corti est le seul des 19 accusés du procès Swissair à
risquer de la prison. Le Ministère public a requis 28 mois de
prison, dont six ferme, et une peine pécuniaire de 1,08 million de
francs avec sursis pour gestion déloyale, gestion fautive, faux
renseignements, diminution effective de l'actif au préjudice des
créanciers et avantages accordés à des créanciers.
L'avocat de Mario Corti a demandé l'acquittement de son client
ainsi qu'une indemnisation conséquente. Mercredi, le procès
Swissair se poursuivra avec la défense de Jacqualyn Fouse. Les
débats prendront fin vendredi. Le jugement sera rendu plus
tard.
ats/hof
Leuenberger et Deiss blanchis
La commission de gestion du Conseil national se range derrière Moritz Leuenberger et Joseph Deiss.
Selon elle, les deux conseillers fédéraux n'ont pas influencé l'ancien conseil d'administration de Swissair pour qu'il verse 150 millions d'euros à Sabena.
Moritz Leuenberger et Joseph Deiss n'ont pas non plus outrepassé leurs compétences, estime la commission.
En conséquence, elle a décidé de ne pas intervenir dans cette affaire, ont indiqué mardi les services du Parlement.
Une sous-commission avait convoqué en février Moritz Leuenberger et Joseph Deiss après les propos tenus par l'ex-président du conseil d'administration de Swissair Eric Honegger lors du procès sur la faillite de la compagnie.
Selon ce dernier, la Belgique avait menacé en 2001 de compromettre les accords bilatéraux si Swissair n'investissait pas dans la compagnie belge en difficulté.
Pour cette raison, Eric Honegger aurait alors informé les deux conseillers fédéraux qui lui auraient conseillé de payer les 150 millions d'euros. Lors de leur audition par la sous-commission, Moritz Leuenberger et Joseph Deiss ont réfuté ces accusations.
Mario Corti exilé aux Etats-Unis
Mario Corti, 60 ans, était membre du conseil d'administration depuis 2000. Il l'a présidé de mai à octobre 2001.
Après le grounding, il s'est exilé aux USA. Il couvre des mandats de conseil à Harvard.