Airbus compte supprimer 4300 emplois dans l'Hexagone, dont 1100
à son siège toulousain, 3700 en Allemagne, 1600 au Royaume-uni et
400 en Espagne, a déclaré le président du groupe Louis Gallois aux
partenaires sociaux puis à la presse. La moitié des suppressions
concernent des employés d'Airbus, l'autre des salariés intérimaires
ou de sous-traitants. Pour ceux ci, les réductions sont applicables
immédiatement.
L'effectif total actuel est de 57'000 salariés permanents et
30'000 sous-traitants. Ce plan doit permettre au groupe
d'économiser 2,1 milliards d'euros par an à compter de 2010 et de
dégager cinq milliards d'euros de trésorerie supplémentaire de 2007
à 2010. Il se traduira par une provision de 680 millions d'euros
pour restructuration, passée dans les comptes du premier trimestre
2007.
La restructuration ne devrait pas avoir de retombées négatives sur
ses sous-traitants suisses. Gurit, Lantal et RUAG excluent pour
l'heure des suppressions d'emplois.
Recentrage
Le plan prévoit une restructuration de l'organisation
industrielle, un recentrage sur le cœur de métier, une
rationalisation des chaînes d'assemblage et la mise en place de
«quatre centres d'excellence» transnationaux. Six des seize sites
de fabrications et d'assemblage du groupe seront touchés.
Airbus envisage des «partenariats industriels» sur ses
établissements de Filton (Royaume-Uni), Nordenham (Allemagne) et
Méaulte dans la Somme pour faire évoluer leur activité vers les
matériaux composites. Les établissements de Laupheim et Varel en
Allemagne et de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, qui
«continueront à réaliser une part substantielle du travail sur le
long terme pour les programmes Airbus actuels», pourraient être
cédés à des fournisseurs, rachetés par leur personnel ou regroupés
avec des sites voisins.
Le plan prévoit aussi la mise en place de quatre «pôles
d'excellence» transnationaux: Fuselage & Cabin», Wing &
Pylon», «Rear» et «Aerostructure», qui se substituent à
l'organisation actuelle comprenant huit centres dotés d'une
structure nationale.
agences/ant/ruc
Colère des syndicats
Les syndicats français d'Airbus ont fait part mercredi à Toulouse de leur "colère" et promis des "actions". "Il faut que la mobilisation enfle. Si on laisse faire Power8, c'est la ruine d'Airbus", a dit un délégué de la CGT.
Mercredi matin, les salariés du site de Méaulte, qui emploie 1300 personnes dans le nord de la France, se sont mis en grève en réaction à la menace.
Les ouvriers de 3 usines d'Airbus en Allemagne, à Varel, Nordenham et Laup heim, ont aussi cessé le travail.
Réactions gouvernementales
"Le principe d'équilibre est respecté", entre la France et l'Allemagne, a réagi la chancelière allemande Angela Merkel, alors qu'un désaccord entre les deux pays avait entraîné un report de l'annonce du plan.
Même son de cloche en Grande Bretagne, où le gouvernement a réagi avec une certaine satisfaction. "Alors que les pertes d'emplois sont à regretter, le fait qu'Airbus ait des projets à long terme au Royaume-Uni est une bonne chose", a dit le ministre du Commerce et de l'Industrie Alistair Darling.
En France, le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a indiqué qu'il serait "très vigilant" sur le respect des engagements du plan, en particulier sur l'absence de licenciements secs.