Plusieurs dirigeants d'entreprises ont annoncé vouloir réduire la voilure. Le patron de Zurich Assurance, Marco Greco, a déjà annoncé vouloir diminuer considérablement les voyages d'affaires au sein de sa compagnie: "Le budget dédié aux voyages a même été supprimé pour cette année" a-t-il affirmé sur CNN.
Marco Greco n'est pas le seul patron convaincu que certains voyages d'affaires sont désormais superflus. Pour beaucoup de dirigeants les conférences via Zoom ou Skype sont très efficaces et remplacent aisément un déplacement long et coûteux.
Parmi eux, Jean-Christophe Babin, directeur général de Bulgari. Après des semaines de télétravail son constat est sans appel: "C'est la première fois de ma carrière où tous les meetings commencent à l'heure, où tout le monde est préparé et où tous les meetings terminent à l'heure... Donc c'est extraordinaire! J'avais jamais vu ça!", dit-il en riant. "Ça permet des réunions plus riches, mais aussi également plus faciles à rythmer que des réunions normales où il est facile de partir sur d'autres considérations très sympathiques au demeurant... mais c'est vrai que d'un point de vue purement efficacité, ces réunions ont un énorme avantage", affirme-t-il au micro de La Matinale.
Une meilleure qualité de vie
Au final, les réunions du comité exécutif de Bulgari qui avaient lieu une fois par mois, en personne, à Rome, Dublin, Florence ou Neuchâtel, ne se dérouleront plus qu'une fois tous les deux mois. Et le nombre de voyage, l'an prochain, des 7000 employés de la firme dans le monde va être divisé par deux.
Voyager moins, faire des économies en période de crise, c'est appréciable, mais il ne s'agit pas uniquement de cela: "La partie financière, ce n'est peut-être que 25%. Ce sont vraiment les 75% pour moi qui comptent: c'est la qualité de la vie. Parce que, très souvent, vous rentrez chez vous à 23h, vous ne voyez pas vos enfants... C'est quand même fatiguant, qu'on le veuille ou non", explique Jean-Christophe Babin.
"Donc cet aspect 'vie privée', que les réunions digitales permettent de gérer vraiment différemment, est aussi un point important. D'ailleurs, le feedback qu'on a est extrêmement positif!", souligne le patron.
Un secteur spécialisé inquiet
Si les voyages d'affaires diminuent, les acteurs de ce secteur ne seront pas épargnés. Toutefois, les agences de voyages spécialisées restent optimistes même si elles reconnaissent n'avoir aucune nouvelle réservation.
Les hôteliers et les restaurateurs sont préoccupés selon la Fédération des Entreprises Romandes (FER), surtout à Genève, bastion du tourisme d'affaire.
Les compagnies aériennes ne sont pas non plus épargnées: "Les compagnies classiques vont avoir des marges qui sont proches de zéro: un ou deux pourcents sur la classe économique en moyenne sur l'année. Alors que sur la business, ça va être parfois 30 ou 40%", analyse Xavier Tytelmann, consultant en aéronautique.
"Si la business ne fonctionne plus correctement, il y aura forcément une augmentation du prix du billet pour les classes économiques. Et, évidemment, cela va les vider, au moment où on a le plus besoin d'avoir des gens qui vont venir et d'être incités avec des tarifs attractifs".
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La FER le confirme: la question des voyages professionnels est un thème récurrent actuellement chez ses membres. Mais elle précise que toutes les réunions ne pourront pas être remplacées; il s'agit désormais de trouver le savant dosage entre réunions physiques et virtuelles.
Sujet radio: Cynthia Racine
Adaptation web: Stéphanie Jaquet
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