Sur la reprise économique en général, le petit-fils du fondateur Marcel Dassault, figure du capitalisme français, se montre optimiste: "Oui, parce que l’histoire de l’humanité, après des grands drames, se retrouve et reprend des idées qui ne pouvaient s'appliquer. C’est l’histoire du monde. Il y aura un désir plus fort de consommer."
Laurent Dassault en veut pour preuve l’argent non dépensé pendant le confinement: "Les gens ont fait des économies, regardez ce qui se passe en Chine, les groupes de luxe doublent leur chiffre d’affaires par rapport à la même période l’année dernière."
Selon lui, cet élan nécessite cependant une aide massive de l’Etat dans le secteur de l’aviation: "Il faut aider Air France, il faut aider Lufthansa. Il faut que l’Europe s’y mette. C’est le futur qu’on construit. C’est plus de 10 milliards. C’est préserver le futur industriel et des jeunes qui sont dans des écoles d’ingénieur."
"En mai 68, nous nous sommes réfugiés en Suisse"
Evoquant ses liens avec la Suisse, Laurent Dassault confie l’un des premiers souvenirs qui le lient à la Confédération, en mai 68, quand la famille Dassault "panique": "On nous a mis à 6h du matin dans la DS break avec des jerricans d’essence. Et on nous a envoyés à Genève avec maman, mon petit frère et ma sœur."
Laurent Dassault rappelle la peur d’une révolution qui marquait son milieu à ce moment, alors que le général de Gaulle était parti pour Baden-Baden: "Quand vous voyez des camions avec des drapeaux rouges qui défilent dans le 16, vous n’êtes pas très rassurés quand même."
L'homme d'affaires rappelle également que sa famille possédait alors l’actuelle résidence de l’ambassadeur de France auprès de l’ONU à Genève.
"Un sou reste un sou"
Détenteur avec sa famille d’une des plus grandes fortunes de France et d’Europe, Laurent Dassault s’exprime aussi sur la culture d’entreprise et la nécessité de se renouveler: "Si on n’est pas dans le doute, on est cuit." Il souligne la fragilité des entreprises, y compris des plus grands groupes industriels: "Tout peut changer très vite. Un mauvais produit, un mauvais choix et tout dégringole."
Le petit-fils du légendaire Marcel Dassault, qui avait inspiré le personnage de Carreidas dans Tintin, très attaché à ses sous, en sourit et estime que ce sens des affaires doit rester un aiguillon même pour les plus grandes fortunes: "Quand je vends une bouteille de Château-Dassault, j’essaie de la vendre au meilleur prix."
Darius Rochebin/boi