En termes de chiffre d'affaires, l'été est une période cruciale pour les compagnies aériennes. Mais les liaisons - encore uniquement domestiques ou intra-européennes - ne sont rétablies qu'au compte-gouttes et les passagers ne répondent pas encore présent en nombre.
Les compagnies historiques, qui ont reçu des milliards de la part des Etats, passeront l'été tout comme les compagnies à bas prix - Ryanair en tête, qui fait preuve depuis des années d'une rentabilité insolente. En revanche, les toutes petites compagnies ne survivront sans doute pas.
Bilan seulement en fin d'année
Le premier bilan pourra être tiré vers la fin de l'année, quand les vols longs-courriers auront sans doute repris. Car c’est sur ces vols que les grandes compagnies comme Air France ou Lufthansa gagnent de l'argent.
Or il y a beaucoup d'inconnues, comme le retour la clientèle d'affaires. Sera-t-elle au rendez-vous alors que les entreprises sont en train de remettre en question leurs déplacements professionnels?
Les compagnies à bas coûts reines du ciel
A l'avenir et selon plusieurs experts, le ciel européen sera vraisemblablement occupé très largement par les compagnies à bas coûts. Ryanair ou EasyJet ont les reins solides et vont sans doute se lancer dans une guerre des prix. En face, les grandes compagnies, déjà peu ou pas rentables sur les vols européens, ne feront pas le poids car elles devront en parallèle rembourser leur dette.
Ces dernières vont sans doute devoir réduire leur flotte, supprimer encore des emplois et baisser les salaires. Et on pourrait bien assister prochainement à une nouvelle vague d'interventions étatiques, voire des nationalisations.
Bref, l'été sera chaud pour ces grandes compagnies et l’hiver qui suivra sera potentiellement glacial.
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Romain Bardet/oang
Swiss "bien parée" pour surmonter la crise
Alors que les compagnies aériennes préparent des licenciements massifs partout dans le monde, et que la maison mère Lufthansa a l'intention de supprimer 22'000 postes dont la moitié en Allemagne - rien de tel pour le moment chez Swiss. La compagnie bénéficie des crédits d'aide de la Confédération, "ce qui nous rend confiants que nous pourrons traverser la crise", indique Lorenzo Stoll, directeur romand de Swiss, invité de La Matinale mardi.
Pour Jean-Claude Donzel, expert en aéronautique et ancien porte-parole de Swissair, Swiss risque néanmoins de devoir passer par une réduction des emplois, mais elle reste une compagnie plutôt saine. Car elle a déjà subi une belle cure d'amaigrissement, juste après le "grounding" de Swissair.
>> Les explications dans La Matinale:
Baisse des salaires et des taux d'occupation?
Y aura-t-il des licenciements chez Swiss? "Notre objectif est de traverser la crise avec tous nos collaborateurs", affirme Lorenzo Stoll. Des discussions sont en cours avec les partenaires sociaux, mais le responsable n'exclut pas de devoir passer par une baisse des taux d'occupation et/ou des salaires.
La prochaine assemblée générale extraordinaire de Lufthansa est prévue le 25 juin prochain. Clarifier la situation des collaborateurs de Swiss prendra toutefois davantage de temps, avertit Lorenzo Stoll.
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