Prendre sa retraite à 40 ans, c'est l'objectif des frugalistes. Ce mouvement vient des Etats-Unis, mais séduit aussi en Suisse.
Avec la crise sanitaire, le mouvement suscite un regain d'intérêt. La période exceptionnelle que nous venons de traverser a entraîné chez certaines personnes une véritable introspection. Tout est remis en question: la place du travail dans notre existence, nos priorités ou notre manière de consommer.
Profiter du moment présent
Pour certains, le coronavirus a souligné la fragilité de la vie. En voyant des proches tomber malades au moment où ils s'y attendaient le moins, ils ont vu dans cette crise une révélation.
"J'ai envie de profiter maintenant que je suis en bonne santé, parce que je ne sais pas ce qu'il va advenir de moi dans une semaine, une année ou cinq ans", témoigne Daniel dans la Matinale de la RTS. Âgé de 39 ans, ce professionnel, actif dans le secteur des technologies, envisage de réduire drastiquement son temps de travail.
Pour Antonio, la crise économique liée au Covid-19 a également mis en lumière le fait que personne n'est à l'abri d'une perte d'activité soudaine. Cet étudiant prévoit de diversifier ses sources de revenus pour rassembler suffisamment d'économies et arrêter de travailler à 50 ans. "Le simple fait de savoir que je suis libre par rapport à ça me soulage déjà. Ca me donne une autre vision de la vie, de ne pas simplement être contraint pour survivre",
Un budget très surveillé
Pour atteindre la liberté revendiquée par les frugalistes, une stricte organisation s'impose. Si on en croit le Mustachian Post, site Internet écrit par un frugaliste romand, la retraite à 40 ans s'obtient en réduisant ses dépenses au strict minimum, et en augmentant ses revenus via l'investissement en Bourse ou dans l'immobilier.
Mais cette discipline ne vise pas une oisiveté absolue, une fois à la retraite. "C'est une volonté de ne pas mener une activité ou un travail qui ne fait pas de sens pour les personnes concernées", explique Jean-Michel Bonvin, professeur de sociologie à l'Université de Genève.
L'expert souligne que le frugalisme ne se réduit pas à de la paresse. "Ce n'est pas un refus total du travail. C'est plutôt une manière de demander une forme de réenchantement, de redonner du sens au travail."
Sujet radio: Cléa Favre
Adaptation web: Anouk Pernet