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UBS est accusée de financer une entreprise de vidéosurveillance chinoise

UBS est accusée de financer une entreprise de vidéosurveillance chinoise. [AFP - Greg Baker]
UBS est accusée de financer une entreprise de vidéosurveillance chinoise / La Matinale / 2 min. / le 24 juin 2020
La première banque helvétique est visée par une plainte insolite, évoquée dimanche dans le SontagsBlick. UBS est accusée de financer une entreprise de vidéosurveillance chinoise utilisée notamment pour réprimer la minorité ouïghoure.

La plainte a été déposée lundi par la Société pour les peuples menacés auprès du Secrétariat à l'économie (Seco). L'ONG demande qu'UBS cesse ses relations avec la firme chinoise.

"Hikivision est directement impliquée dans la mise en place de cet appareil de surveillance dans le Xinjiang, au nord-est de la Chine. Il y a des photos, des preuves qui montrent que leurs caméras sont directement utilisées dans les camps d'internement. Jusqu'en 2019, ils ont fait de la publicité pour leurs caméras qui peuvent reconnaître spécifiquement les minorités", explique Angela Mattli, responsable de campagne.

Investissement durable

Ce fleuron technologique chinois est côté en bourse et se retrouve dans plusieurs indices. UBS y investit indirectement pour le compte de clients. La vidéosurveillance n'est en effet pas bannie a priori des portefeuilles.

Les violations des droits de l'homme ne sont pas forcément l'apanage du fournisseur, qui vend aussi des caméras de surveillance anodines. C'est bien là toute la complexité, explique Angela de Wolff, fondatrice de Conser, un vérificateur indépendant de finance durable: "C'est toute la logique de chaîne de valeur qui doit être vérifiée. Là, c'est plus complexe, car on peut se retrouver avec des investissements qui ne sont pas complètement conformes. C'est l'ambition de l'investissement durable: avoir la plus grande transparence, le plus d'informations et la plus grande traçabilité pour ensuite faire des choix qui soient avisés".

Contactée, UBS indique travailler activement "avec d'autres institutions financières pour parvenir à une meilleure intégration des questions d'environnement et de droits de l'homme dans les produits financiers".

Que peut donner cette plainte?

La plainte de la Société des peuples menacés n'a pas été déposée devant un tribunal, mais auprès d'un bureau relativement méconnu du Seco, point de contact national pour les Principes directeurs de l'OCDE. Celui-ci ne tranche pas, mais offre une médiation.

Ce bureau a déjà traité environ 25 cas en une dizaine d'années d'existence . Presque systématiquement, ONG et multinationales ont dialogué et trouvé un terrain d'entente. La Société pour les peuples menacés a d'ailleurs déjà réussi l'exercice avec Credit Suisse.

Sandrine Hochstrasser/jfe

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