Les actionnaires de Lufthansa ont approuvé le projet - qui prévoit le retour de l'Etat allemand au capital à hauteur d'au moins 20% - à plus de 98% des voix lors d'une assemblée générale retransmise en direct par la compagnie.
Cette mesure de recapitalisation à hauteur de 6 milliards d'euros (6,4 milliards de francs), fait partie d'un plan de sauvetage plus vaste, qui prévoit aussi une garantie d'Etat sur un prêt de 3 milliards d'euros (3,2 milliards de francs), que Berlin prévoit d'accorder à la compagnie dans le cadre d'un régime d'aide déjà approuvé par Bruxelles en mars, rappelle l'exécutif européen dans un communiqué.
Une issue incertaine
L'issue de ce vote est restée longtemps incertaine en raison des réserves du principal actionnaire de la compagnie, le milliardaire allemand Heinz Hermann Thiele, qui détient encore 15,5% du capital et qui a joué un rôle pivot.
Ce n'est qu'au dernier moment, mercredi soir, qu'il a fait savoir qu'il approuverait le plan d'aide, tout en réclamant une "restructuration" rapide de la compagnie.
Conditions pour ne pas handicaper la concurrence
Mais "cette aide substantielle" est "assortie de conditions, notamment pour garantir que l'Etat soit suffisamment rémunéré, et de mesures supplémentaires pour limiter les distorsions de concurrence", souligne la vice-présidente de la Commission, Magrethe Vestager, citée dans le communiqué.
"En particulier, Lufthansa s'est engagée à mettre à disposition des créneaux horaires (...) dans ses aéroports pivots de Francfort et de Munich", où la compagnie "dispose d'un pouvoir de marché important", a-t-elle ajouté.
Cette condition doit donner "aux transporteurs concurrents la possibilité de pénétrer sur ces marchés, garantissant des prix équitables et un choix accru pour les consommateurs européens".
afp/oang
La réaction de Swiss et Edelweiss
Membres du groupe Lufthansa, les compagnies Swiss et Edelweiss ont salué dans un bref communiqué l'adoption de ces mesures de recapitalisation, qu'elles estiment "nécessaires" pour "assurer la liquidité".
Cité dans le texte, son CEO de Swiss Thomas Klühr estime que la décision des actionnaires de Lufthansa permet de conserver "les capacités de planification fondamentales pour poursuivre la reprise de l'exploitation aérienne et assurer la connectivité de la Suisse avec le monde".
Le communiqué précise que les prochaines étapes seront coordonnées avec le groupe Lufthansa ainsi que les autorités et instances concernées. Les premiers crédits seront ensuite versés aux compagnies helvétiques.
Flotte et personnel réduits à l'avenir
Même en bénéficiant de l'aide publique, les prochaines années s'annoncent compliquées pour Lufthansa.
Le redémarrage ne sera que très progressif: en septembre, le groupe prévoit une offre toujours inférieure de 60% à la normale.
A terme, le groupe aura une centaine d'avions de moins sur ses 763 d'avant la crise.
Pour s'adapter à cette baisse prolongée, Lufthansa compte déjà supprimer 22'000 emplois équivalent plein temps, soit 16% des effectifs mondiaux, dont la moitié en Allemagne.
Les négociations sont en cours avec les syndicats. Un premier pas a été franchi mercredi soir, avec un accord signé entre direction et syndicat du personnel navigant.