Environ 5100 postes seront supprimés en Allemagne, 5000 en France, 1700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1300 sur les autres sites du groupe dans le monde, a précisé mardi soir l'avionneur européen dans un communiqué. L'activité dans l'aviation commerciale a chuté de près de 40% au cours des derniers mois, précise-t-il.
"Bien que des mesures forcées ne puissent être exclues à ce stade, Airbus travaillera avec ses partenaires sociaux pour limiter l'impact de ce plan en s'appuyant sur toutes les mesures sociales disponibles, y compris les départs volontaires, les mesures de retraite anticipée, ainsi que le chômage partiel de longue durée", a affirmé Airbus, qui entend conclure en 2020 les discussions avec les syndicats.
Excessif pour le gouvernement
"Le secteur de l'aéronautique fait face à un choc massif, brutal et durable. Il est fort probable que la reprise sera progressive. Nous ne l'avons jamais caché", a réagi le ministère français de l'Economie.
"Nous l'avons même anticipé avec la mise en oeuvre d'un plan de 15 milliards d'euros pour soutenir le secteur. Néanmoins, le chiffre de suppressions d'emplois annoncé par Airbus est excessif", a-t-il déploré en demandant de "réduire au maximum les départs contraints".
Les syndicats refusent les licenciements
Les syndicats d'Airbus ont affirmé leur opposition à tout "licenciement contraint" et appelé à des négociations face à une crise jugée "conjoncturelle".
"Pour FO, la ligne rouge est de diminuer ce chiffre qui nous paraît excessif, et de mettre en place toutes les mesures possibles pour ne pas avoir à déplorer le moindre licenciement contraint", a réagi Dominique Delbouis, coordinateur FO du groupe Airbus, lors d'un point presse devant le siège de l'avionneur.
Airbus, qui a abaissé en avril de plus d'un tiers ses cadences de production pour faire face à un marché du transport aérien qui s'est effondré, est "confronté à la crise la plus grave que ce secteur ait jamais connue", a expliqué le président exécutif du groupe, Guillaume Faury. "Nous devons à présent prendre des mesures de plus grande ampleur", a-t-il poursuivi.
Pas beaucoup de soutien attendu
Interrogé lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes sur la réaction de l'exécutif français, M. Faury a concédé ne pas s'attendre "à beaucoup de soutien dans ce type de situation, même si nous travaillons étroitement" avec les gouvernements concernés.
Ces suppressions de postes devraient quasi exclusivement toucher la branche aviation commerciale du groupe - également présent dans la défense, l'espace et les hélicoptères - ainsi que plusieurs filiales comme la française Stelia Aerospace ou encore l'allemande Premium Aerotec.
Pour la France, le plan devrait être détaillé lors d'un comité de groupe Airbus France jeudi matin à Blagnac, siège de l'avionneur dans la banlieue de Toulouse, selon une source syndicale.
Survie de l'entreprise en jeu
Depuis plusieurs semaines, M. Faury, dirigeant d'un groupe comptant 135'000 salariés dont 81'000 dans sa branche d'avions commerciaux, prévient que la crise engendrée par l'épidémie due au coronavirus met en jeu la "survie d'Airbus".
"Les mesures prises jusqu'à présent par la société nous ont permis d'absorber le choc initial de cette pandémie. Nous devons maintenant assurer la durabilité de l'entreprise et garantir notre capacité à émerger de la crise en leader global du secteur aérospatial, tout en nous adaptant aux défis immenses que rencontrent nos clients", a-t-il indiqué mardi.
afp/jpr
Même scénario chez le concurrent Boeing
Le groupe Airbus compte 49'000 collaborateurs en France, 45'500 en Allemagne, 12'500 en Espagne et 11'000 au Royaume-Uni. La branche Defense and Space d'Airbus, confrontée à un marché difficile, a déjà annoncé en février un plan de restructuration prévoyant 2665 suppressions de postes.
Le grand rival, l'américain Boeing, a lui annoncé fin avril son intention de supprimer 10% de ses effectifs, soit 16'000 personnes, via des départs volontaires et des licenciements.
Derrière Airbus, ce sont des milliers de fournisseurs, pour la plupart de petites et moyennes entreprises, qui sont touchés. L'équipementier Daher a ainsi déjà annoncé la suppression d'un maximum de 1300 postes sur les 10'000 du groupe.