Publié

Les Suisses ont consommé plus d'épices pendant le semi-confinement

Le curcuma: épice de jouvence ou poudre aux yeux? [RTS / Java Films]
La demande en épices a bondi pendant le confinement / Tout un monde / 6 min. / le 1 juillet 2020
Gingembre, curcuma, ail... la demande pour ces produits a bondi pendant les semaines de semi-confinement. Ces épices sont parfois perçues comme des boosters d'immunité.

"Dès mon réveil, je prends une cuillère de curcuma bio, avec du poivre écrasé et de l'huile d'olive ou de l'huile de noix de coco pure." Pradeep Chandran est le patron du restaurant indien Nandanam à Lausanne. Pour lui, ce rituel matinal est un moyen de se maintenir en bonne santé. "Ça renforce mon immunité et aussi mes pensées. Je me dis que j'ai mangé quelque chose de bon pour la santé dès le réveil. C'est ma croyance, ça me donne de la force pour avancer dans la journée."

Les gens se sont dit 'Essayons! Dans le doute, le gingembre ne me fait pas de mal et au mieux, il me protégera.

Alessandro Giraudo, spécialiste des matières premières

Comme Pradeep Chandran, nombreux sont ceux qui croient aux propriétés immunitaires de certaines épices. Un phénomène accentué pendant la période de semi-confinement, en Suisse et ailleurs. Selon Alessandro Giraudo, spécialiste des matières premières, le gingembre a été particulièrement prisé. "Au début de la crise on a pensé que c'était un produit qui pouvait protéger naturellement les personnes contre le virus. Les gens se sont dit 'Essayons! Dans le doute, le gingembre ne me fait pas de mal et au mieux il me protégera.' On a constaté une hausse importante de la demande sur ce type de produit."

Pic d'importation d'épices

Lorsque l'on se penche sur les chiffres d'importation d'épices en Suisse, on voit apparaître un pic en mars 2020. Pour la première fois depuis plus d'une décennie, la Suisse importe plus de 500 tonnes d'épices en un mois. Une augmentation qui se confirme dans les ventes du commerce de détail. Manor a enregistré durant le semi-confinement une augmentation de 30% des ventes dans le secteur des épices et du sel.

Face à ce constat, une question: qu'est ce que le recours à ces épices en période de Covid dit de nous ? Pour la sociologue Camille Adamiec, l'alimentation et la santé sont très liées dans notre esprit. Et ce, depuis bien avant la crise sanitaire. "C'est l'idée que tout aliment peut devenir sain à partir du moment où on lui ajoute les bons super-ingrédients ou la bonne épice. Il y a une pensée presque magique qui existe depuis très longtemps. En tant qu'êtres humains, on s'appuie sur quelque chose qui nous est intrinsèque depuis des siècles. Ce côté magique de la petite poudre, de l'aliment, de l'épice qui nous fait du bien."

Exemple ultime, s'il en fallait un: même le géant Starbucks a réinventé sa boisson sucrée par excellence avec en 2017, un nouvel arrivé dans la gamme: le Latte au curcuma.

Blandine Lévite / Ainhoa Ibarrola

Publié