"Jusqu'à présent, environ 1'590'339'614 actions ordinaires ABN
AMRO ont été apportées", et ces actions "représentent
approximativement 86% des actions ordinaires d'ABN Amro", a annoncé
lundi dans un communiqué le consortium formé par la britannique
RBS, la belgo-néerlandaise Fortis et l'espagnole Santander.
"La condition minimale d'acceptation de l'offre a été remplie",
a-t-il ajouté. Les analystes avaient prédit depuis plusieurs
semaines une victoire écrasante du consortium dans la course au
rachat d'ABN Amro, qui représente la plus grande transaction jamais
réalisée dans le secteur bancaire.
Démantèlement en vue
Vendredi, la banque britannique Barclays, qui avait proposé
également de racheter la banque basée à Amsterdam pour un montant
nettement inférieur (105 milliards de francs aux cours de clôture
de jeudi), avait reconnu sa défaite dans cette bataille.
Dans un communiqué laconique, ABN Amro a indiqué avoir "pris acte"
de la réussite de l'offre du consortium, qui va conduire à la
disparition de cet établissement dont les racines remontent à 1824,
et qui était considéré comme l'un des joyaux de l'économie
néerlandaise.
Les trois alliés RBS, Fortis et Santander comptent en effet
démanteler la banque au logo vert et jaune, se partager ses
différentes activités et supprimer plusieurs milliers d'emplois au
passage.
La part du lion pour RBS
A RBS reviendront notamment les opérations de banque de détail
en Asie et de banque commerciale, à Fortis les activités au
Benelux, après quelques cessions destinées à préserver la
concurrence aux Pays-Bas, et à Santander les activités italiennes
et brésiliennes.
La Royal Bank of Scotland, basée à Edimbourg et initiatrice de ce
rachat géant, se taillera ainsi la part du lion, mais devra payer
la plus grosse quote-part, soit plus de 45 milliards de francs,
contre 40 milliards pour Fortis et 33 milliards pour Santander.
La préférence à Barclays
ABN Amro aurait préféré un succès de l'offre de Barclays, qui
aurait donné naissance à l'une des toutes premières banques
d'Europe. ABN Amro avait d'ailleurs accepté initialement l'offre de
Barclays, les deux banques ayant célébré leurs fiançailles le 23
avril. ABN Amro avait de plus tenté de mettre des bâtons dans les
roues du consortium en vendant sa filiale américaine LaSalle, sur
laquelle RBS avait jeté son dévolu, à Bank of America.
Mais le consortium avait persévéré malgré cette "pilule
empoisonnée", et, face au montant élevé de l'offre de celui-ci, la
banque néerlandaise avait fini par retirer son soutien à Barclays
sans pour autant l'apporter au consortium, laissant ses
actionnaires choisir librement à qui ils apporteraient leurs
titres.
RBS, Fortis et Santander ont précisé qu'elles annonceront le
résultat définitif de leur offre au plus tard vendredi, une fois
toutes les conditions règlementaires remplies.
afp/boi
La première banque des Pays-Bas
ABN Amro est la première banque des Pays-Bas.
Depuis son siège dans le quartier des affaires d'Amsterdam, ABN Amro emploie 107'000 personnes dans plus de 4500 branches de 53 pays.
En terme de capitalisation, elle est septième en Europe et seizième dans le monde.
Fondée en 1824 par le roi Guillaume Ier, la Nederlandsche Handels-Maatschappij (Société néerlandaise de commerce) est devenue en un siècle et demi un acteur incontournable de la vie économique des Pays-Bas.
En 1991, son héritière ABN Bank fusionne avec l'Amro Bank, pour devenir ABN Amro, entamant une période de grandes acquisitions à l'étranger.
A côté des Pays-Bas, les marchés domestiques d'ABN Amro sont les Etats-Unis, le Brésil et l'Italie.
Bénéfice de 7,96 milliards
Le groupe a réalisé en 2006 un bénéfice net de 7,96 milliards de francs, en hausse de 7,6% par rapport aux 7,39 milliards d'euros de 2005.
Les bénéfices du groupe ont largement bénéficié de la vente de l'une de ses filiales néerlandaises, Bouwfonds.
Le produit net bancaire du groupe pour l'ensemble de l'année est de 37,74 milliards de francs, contre 31,55 milliards de francs l'année précédente, soit une hausse de 19,6%.