Le portage salarial présente plusieurs avantages pour les travailleurs indépendants. La formule leur permet de garder leur autonomie pour chercher des clients et fixer le prix des mandats, tout en restant formellement salariés d'une agence de portage. Cette dernière règle quant à elle toute la partie administrative, moyennant une commission de 5 à 10%.
Autre argument de poids en cette période de crise, un "porté salarial" peut, s'il se trouve à cours de mandant, pointer au chômage.
Avantages aussi pour les entreprises
A cheval entre l'indépendance et le salariat, la formule a été importée de France il y a une dizaine d'années déjà, mais les agences de portage voient tout le potentiel du marché suisse. "De plus en plus de personnes cherchent des modèles de travail qui ne correspondent pas à la 'séparation binaire' prévue par le droit suisse", remarque Anne-Sylvie Dupont, professeur aux Universités de Genève et de Neuchâtel.
La petite société DLCI par exemple, établie dans le canton de Genève, compte doubler le nombre de "portés" d'ici moins d'une année. La plus grande, Helvetic Payroll, connaît une croissance à deux chiffres et remarque que la demande vient désormais des clients eux-mêmes.
Ces entreprises privées et publiques sont à la recherche de ce genre de travailleurs pour éviter les coûts fixes d'un salarié, mais aussi les risques propres aux travailleurs indépendants. Il arrive par exemple que les assurances sociales estiment, a posteriori, qu'il ne s'agit pas d'un vrai indépendant, et qu'elles se retournent contre l'entreprise pour lui réclamer les charges sociales.
Différent du "modèle Uber"
Contrairement aux formes de travail proposées par les plateformes comme Uber, le portage salarial n'a pas encore été contesté en justice. "Le travailleur de plateforme est au fond un travailleur déguisé en indépendant alors que le portage salarial est un indépendant déguisé en salarié", schématise Anne-Sylvie Dupont. "Et comme la protection du salarié est meilleure que celle de l'indépendant, on ne va pas retrouver les mêmes critiques qu'on peut émettre à l'égard d'un schéma de type 'Uber'", précise-t-elle.
Sandrine Hochstrasser/yor