L'ONG pointe notamment du doigt les dessous du négoce de l'or entre les Emirats arabes unis et la Suisse. L'enquête de Marc Ummel, responsable des matières premières chez Swissaid, remonte les chaînes d'approvisionnement des raffineries helvétiques.
Les Emirats étaient le plus grand exportateur d'or vers la Suisse en 2019: 149 tonnes d'or d'une valeur de 6,8 milliards de francs ont été livrés afin d'y être raffinées.
Exportations illégales
Selon ce rapport, on est parfois loin des bonnes pratiques de la branche. Si les raffineries suisses déclarent importer uniquement de l'or recyclé des Emirats arabes unis, une partie proviendrait en réalité de mines africaines via le souk de Dubaï.
Ainsi, en 2018, la moitié de l'or transitant par Dubaï provenait du continent africain (402 tonnes). Une grande partie de cet or est exportée illégalement. L'or est transformé par des raffineries aux Emirats avec lesquelles les sociétés suisses n'ont aucun lien direct, ce qui les empêche d'en retracer l'origine et de s'assurer des bonnes conditions de son extraction.
De l'or du Darfour?
A Dubai, Marc Ummel estime avoir identifié le principal acheteur d'or d'Afrique, de l'or provenant de petites mines, mais aussi du Soudan du Sud en guerre: la société Kaloti. Cette entreprise est une cliente de Valcambi, la plus grosse raffinerie mondiale, basée à Balerna au Tessin.
La société Valcambi n’a pas répondu aux questions du 19h30 de la RTS quant à ses liens avec Kaloti. La société dubaïote Kaloti, par contre, a immédiatement réagi en envoyant un communiqué rejetant toutes les accusations portées par l’ONG Swissaid, et notamment l'envoi d'or provenant du Soudan à une raffinerie suisse. Plus tard dans la soirée de jeudi, ses avocats londoniens ont répondu par écrit à des questions plus spécifiques
Un autre raffineur suisse, Metalor, a pourtant lui des doutes sur l'origine de l'or des Emirats, pays où la société neuchâteloise a cessé de s'approvisionner.
Sujet TV: Nicolas Rossé
Adaptation web: Vincent Cherpillod/br avec ats
Responsabilité des raffineries
"C'est uniquement en se fournissant directement auprès des mines que les raffineries pourront s'assurer d'acquérir de l'or propre respectant les droits humains et l'environnement", selon Marc Ummel. Pour l'ONG, c'est aux raffineries de s'assurer que l'or qu'elles importent n'a pas été produit en violation des droits humains.
Le Contrôle fédéral des finances avait déjà révélé il y a un mois "les lacunes du dispositif actuel de surveillance" des métaux précieux en Suisse. Principale plaque tournante du commerce international de l'or, la Suisse raffine et transforme deux tiers du précieux métal mondial.