«Il était inutile de poursuivre les négociations compte tenu de
ce qui est sur la table», a déclaré le ministre brésilien des
Affaires étrangères, Celso Amorim lors d'une conférence de presse
en compagnie du ministre indien du Commerce, Kamal Nath.
Le Brésil et l'Inde claquent la porte
Les délégations brésilienne et indienne ont par conséquent
décidé de claquer la porte des négociations, prévues initialement
pour durer potentiellement jusqu'à samedi. Celso Amorim a précisé
que l'agriculture, principale pomme de discorde du cycle de
négociations de Doha lancées en 2001 dans la capitale du Qatar,
avait été à l'origine de l'échec de la rencontre avec le
commissaire européen au Commerce Peter Mandelson et la
représentante américaine pour le Commerce Susan Schwab.
L'Union européenne ne peut négocier avec ses partenaires de l'OMC
«avec trois fois rien en retour», a commenté de son côté le
commissaire européen au commerce Peter Mandelson. Selon un
responsable européen, les négociateurs de l'OMC n'ont pas pu
trouver de «terrain possible de convergence» en raison d'exigences
«allant au-delà des limites» du Brésil et de l'Inde en matière
agricole et du refus en retour des pays émergents d'ouvrir
suffisamment leurs marchés aux produits industriels.
En péril
Peter Mandelson a précisé qu'il aurait été prêt à mettre sa
«dernière carte» sur la table des négociations en matière agricole,
mais qu'il y a renoncé en constatant qu'un tel geste n'aurait
suscité aucune concession de ses partenaires. Les offres mises sur
la table par les quatre grands acteurs de l'OMC n'auraient de toute
façon pas «généré de nouveaux échanges» dans le monde, a fait
valoir pour sa part jeudi la représentante américaine pour le
Commerce, Susan Schwab.
L'échec de Potsdam met sérieusement en péril le cycle de
négociations de Doha, alors que le temps est compté: un accord sur
les grandes lignes de la négociation est indispensable dans les
prochaines semaines si les 150 pays membres veulent tenir leur
engagement de boucler les travaux fin 2007. Au-delà, les
discussions risquent d'être figées pour longtemps du fait de
l'élection présidentielle américaine de 2008.
agences/sun
Pascal Lamy reste optimiste
Pour Pascal Lamy, les négociations continuent au sein de l'OMC, malgré l'échec des pourpalers de Potsdam.
Le directeur général de l'OMC a appelé les membres du G4 à contribuer à la poursuite du processus à Genève.
Selon lui, une convergence préalable entre les membres du G4 n'est pas «indispensable».
Le président américain George W. Bush s'est dit de son côté «déçu» de l'échec des négociations sur la libéralisation du commerce international, causé selon lui par le Brésil et l'Inde. Il reste cependant déterminé à mener à bien le «cycle de Doha».
Depuis le début, les négociateurs tentent de résoudre une équation quasi-impossible: obtenir des Occidentaux qu'ils ouvrent davantage leurs marchés aux produits agricoles en provenance des pays émergents afin que ceux-ci, en retour, lèvent un peu leurs barrières pour les productions industrielles des pays riches.