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Début de la réunion de l'OMC à Genève

Le ministre australien du commerce Simon Crean et son homologue costa-ricain Marco Ruiz en discussion.
Le ministre australien du commerce Simon Crean et son homologue costa-ricain Marco Ruiz en discussion.
Une trentaine de pays du Nord et du Sud ont entamé lundi à Genève à l'OMC une dure confrontation. Ils vont tenter de sauver sept années de négociation sur la baisse des barrières douanières dans le monde.

Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce,
Pascal Lamy, a convoqué à partir de lundi les ministres d'une
trentaine de pays, sur les 152 que compte l'OMC, pour tenter de
sauver sept ans de négociation sur la baisse des barrières
douanières dans le monde.

Mais dès samedi, les ministres du Commerce présents à Genève ont
commencé à multiplier les rencontres bilatérales ainsi que les
accusations récurrentes des pires heures de la négociation. Le
ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a ouvert
le feu en comparant la stratégie des pays riches à celle de
Goebbels, le chef de la propagande du IIIe Reich.

Goebbels en invité surprise

Lors d'une conférence de presse, Celso Amorim, qui joue depuis
le début de la négociation le rôle de porte-parole des pays
émergents, a accusé les pays riches de chercher à faire croire que
le dossier agricole était déjà pratiquement accepté par l'ensemble
des pays membres. "Il reste beaucoup à faire dans l'agriculture", a
au contraire souligné Celso Amorim, en s'excusant de citer Goebbels
("si l'on répète un mensonge plusieurs fois, cela devient la
vérité").



Le chef de la diplomatie brésilienne a dénoncé "le mythe" selon
lequel les pays riches n'auraient plus de concessions à faire dans
l'agriculture et un accord final n'attendrait plus que le bon
vouloir des pays du Sud sur la question des produits
industriels.

Propos mal reçus

Ces propos ont été très mal reçus par la
négociatrice américaine Susan Schwab, elle-même fille de survivants
de l'Holocauste. "Au moment où nous essayons de trouver une issue
favorable aux négociations, ce genre de propos est très mal venu",
a déclaré à l'AFP son porte-parole, Sean Spicer. Evoquant
"l'histoire personnelle" de Susan Schwab, Sean Spicer a estimé
qu'un ministre des Affaires étrangères "devrait être conscient de
certaines sensibilités".



Celso Amorim et Susan Schwab devaient participer dans la soirée à
un dîner organisé par le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy,
et s'entretenir lundi en tête à tête. Selon son service de presse,
Celso Amorim "n'a pas l'intention de lui présenter des excuses"
lors de cette rencontre, "puisque son intention était de montrer
que la propagande peut se superposer aux faits historiques" et non
pas de faire une comparaison quelconque entre des personnes.

Les pays du Sud déterminés

Celso Amorim a simplement regretté "que Susan Schwab ou toute
autre personne se soient sentis offensés" par rapport à un "fait
historique". Le ministre brésilien, qui dirige de facto aux côtés
de l'Inde le "G20", groupe qui rassemble des grands pays émergents
comme la Chine, le Nigeria, l'Argentine ou l'Afrique du Sud, a
également jeté un froid en évoquant le spectre de Cancun, en
référence à la conférence ministérielle de l'OMC en 2003 dans la
station balnéaire mexicaine, qui avait tourné à un stérile
affrontement Nord-Sud.



Dénonçant les faibles concessions agricoles des pays du Nord, qui
exigent en échange que les pays émergents ouvrent leur marché aux
services et aux produits industriels, Celso Amorim a assuré que son
pays était prêt à attendre trois ou quatre années de plus afin
d'obtenir un meilleur accord que celui qui est sur la table
actuellement.



agences/ps

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Doris Leuthard se dit confiante

Doris Leuthard aborde avec optimisme la conférence ministérielle de l'OMC visant à conclure le cycle de Doha qui s'est ouverte lundi à Genève. La ministre de l'économie compte en repartir avec des résultats dans plusieurs dossiers clés pour la Suisse.

A la veille de la conférence, la conseillère fédérale a réaffirmé devant les médias à Genève toute l'importance que la Suisse accorde à l'aboutissement du cycle de Doha.

Elle a promis de se battre sur chaque point important et se refuse à envisager un échec: «Nous sommes optimistes et pragmatiques, et nous voulons un résultat». La ministre a rappelé la ligne défendue par la Confédération.

«Lors des négociations, je vais m'engager pour un résultat ne se limitant pas aux dossiers de l'agriculture et des biens industriels. Pour la Suisse, les volets portant sur les services et les indications géographiques en particulier sont aussi très importants.»

Dans le dossier agricole, Doris Leuthard a souligné que la Suisse a déjà fait plusieurs concessions aux pays exportateurs, notamment en décidant de supprimer les subventions à l'exportation dès l'an prochain, et ne compte pas plier sur d'autres points, touchant aux tarifs agricoles, aux produits sensibles et aux paiements directs aux producteurs.

Concernant les services, Berne compte obtenir des engagements concrets pour un plus large accès aux marchés. La ministre veut spécialement obtenir de ses pairs une ouverture des marchés pour les services financiers et les services logistiques.

Avec l'Union européenne, l'Inde et le Brésil, la Suisse a formé une coalition regroupant plus de 100 pays qui veut étendre la protection des indications géographiques (GI). Pour l'instant, seuls les vins et les spiritueux bénéficient de ces GI.