Les négociations des 27 dirigeants européens pour accoucher d'un plan de relance à 750 milliards d'euros ont duré quatre jours et quatre nuits. Une éternité pour certaines entreprises en Suisse, qui ont retenu leur souffle. Car l'accord de l'UE destiné à soutenir son économie frappée par la crise touchera indirectement l'économie helvétique, nichée au coeur de cette Union.
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"Ma première réaction a été le soulagement", raconte à la RTS Jérôme Chanton, directeur de l'entreprise genevoise Kugler Bimetal. L'entreprise exporte 60% de sa production chez des clients européens. Mais pour son directeur, l'accord des 27 évite surtout un effondrement de l'euro face au franc suisse, qui reste fort malgré tout, à 1,07.
"Le soutien est là et l'euro tient. Il y a des perspectives et des investissements dans les infrastructures. Ces aides vont soulager nos clients, qui étaient très hésitants pour 2020, mais aussi pour 2021. Cela va relâcher un peu de pression", souffle Jérôme Chanton.
Aide à la transition énergétique
Sur les 750 milliards du plan de relance, près d'un tiers (240 milliards) servira à financer la transition énergétique. Une bonne nouvelle pour l'usine Kugler Bimetal, active dans ce secteur: "cela va nous tirer la croissance de manière assez importante".
L'avantage d'un plan de relance européen pour la Suisse est une évidence, explique Carmelo Laganà, responsable de projets chez EconomieSuisse: "Les entreprises suisses sont intégrées dans des chaînes de production qui sont internationalisées et qui comprennent aussi des acteurs européens. Il est donc important que les entreprises européennes aillent mieux pour que les entreprises suisses se portent également mieux".
Quid d'un plan de relance suisse?
La Suisse ne devrait-elle pas elle aussi envisager un plan de relance? Pas nécessairement, répond Carmelo Laganà, car des efforts ont déjà été faits: "Dire que le Conseil fédéral doit faire davantage parce que l'UE en a fait davantage est une vision simpliste de l'économie suisse. Nous avons des entreprises capables d'innover, de se relancer, de revoir leur modèle d'affaires. On a vu durant la crise que certaines se sont renouvelées et regagnent des parts de marché. Il est donc important de laisser cette liberté aux entreprises pour qu'elles puissent se réinventer."
Un avis que ne partage pas le patron de Kugler Bimetal: "Égoïstement, nous profitons du plan de relance européen, car c'est là qu'il y aura de la croissance et des nouveaux marchés. Concernant un plan de relance suisse, il faudrait demander à d'autres patrons implantés sur le marché suisse. Mais vu le ralentissement de l'activité dans le pays, je pense que ça ne ferait pas de mal", estime Jérôme Chanton.
Le débat qui s'est clos à Bruxelles reste donc ouvert en Suisse.
Pascal Jeannerat / fme