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"L'idéal aurait été que la Suisse ait une candidature de combat à l'OMC"

François Schaller. [Keystone - Martial Trezzini]
L’OMC cherche un nouveau directeur d’ici l’automne: interview de François Schaller / La Matinale / 6 min. / le 22 juillet 2020
Parmi les prétendants à la tête de l’OMC, l'Egypto-Suisse Hamid Mamdouh cherche le soutien de la Confédération mais Berne n’a pas encore fait son choix. Le journaliste François Schaller regrette l'absence d'une candidature helvétique "de combat".
Le candidat égypto-suisse à l'OMC Hamid Mamdouh. [Keystone - Martial Trezzini]
Le candidat égypto-suisse à l'OMC Hamid Mamdouh. [Keystone - Martial Trezzini]

Les huit candidats à la succession du Brésilien Roberto Azevedo, démissionnaire, ont été auditionnés par les Etats membres, dont la Suisse, la semaine dernière. Parmi eux figure Hamid Mamdouh, double national Egyptien et Suisse. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) ne fait aucun commentaire sur ces auditions.

La campagne court jusqu’au 7 septembre, date à laquelle les Etats membres commenceront leurs consultations en vue de désigner le nouveau patron ou la nouvelle patronne de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de ses 600 fonctionnaires.

Capacité à se faire entendre des décideurs

La Confédération décidera alors si elle soutient Hamid Mamdouh ou l’un des sept autres candidats. Parmi les critères de sélection figurent les compétences, bien sûr, mais aussi et surtout la capacité à se faire entendre des décideurs politiques dans les capitales.

Or l’organisation basée à Genève joue sa survie face aux assauts de Donald Trump. Et la Suisse est très attachée à ce gendarme du commerce mondial censé garantir l’égalité de traitement entre petits et grands pays.

Absence de prosélytisme suisse

Pour le journaliste et essayiste François Schaller, interrogé mercredi dans La Matinale, l'idéal aurait été que la Suisse ait eu une candidature de combat, "c’est-à-dire quelqu'un qui fasse du prosélytisme pour le multilatéralisme commercial, qui est quand même au centre de la politique étrangère suisse et qui est terriblement malmené depuis des années par les grandes puissances protectionnistes que sont les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne".

L'ancien rédacteur en chef de l'Agefi et de PME Magazine souligne que le multilatéralisme est quelque chose de crucial pour les petites nations, "mais aussi pour les superpuissances qui ne vont pas indéfiniment s'affronter sur le plan commercial. Il y a un moment où la raison va reprendre le dessus et où tout le monde se rendra compte que ce genre de confrontation n'est dans l'intérêt de personne".

Crainte de malentendus

Et s'il n'y a pas de soutien du Conseil fédéral au candidat Hamid Mamdouh, c'est parce qu'il est "un peu difficile de le soutenir officiellement à ce stade", estime François Schaller. "La Suisse ne dit pas, dans ce genre de situation, qui elle soutient, en tout cas en début de procédure. Cela aurait créé aussi beaucoup de malentendus. C'est une candidature égyptienne, africaine, mais pas d'Afrique subsaharienne, et l'Afrique est très sensible à cette affaire. Cela aurait certainement créé des malentendus que la Suisse ne souhaite pas susciter".

"La Suisse n'a pas de candidat", rappelle encore le journaliste qui le regrette. "Si elle avait des candidats d'envergure politique - anciens ministres, secrétaires d'Etat, avec une expérience à l'international dans le domaine du commerce - cela se saurait. Des noms auraient circulé dans les médias, or il se trouve que non. La Suisse n'a personne. C'est très dommage et je pense que Berne devrait préparer le coup d'après".

Guillaume Meyer/Valérie Hauert/oang

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