C'est le caddie du futur. Amazon, le géant américain de la vente en ligne, a présenté sa dernière innovation le 14 juillet dernier: le Dash Cart. Ce chariot intelligent utilise une combinaison de caméras et de capteurs permettant d'identifier tous les produits. La vidéo fournie par Amazon montre même une balance intégrée.
A la sortie, la liste de vos produits est automatiquement envoyée vers votre compte Amazon qui débite le montant de votre carte de crédit. Pas de queue. Pas de caisse. Pas d'attente. Mais pour l'instant, il est seulement capable de gérer 2 sacs de courses.
Depuis l'achat de la chaîne d'épicerie haut de gamme Whole Foods Market pour 13,7 milliards de dollars, Amazon investit d'énormes sommes dans les commerces physiques.
Le magasin autonome
Depuis 2018, le spécialiste de la vente en ligne a ouvert 27 échoppes entièrement automatisées à Seattle, Chicago, San Francisco et New York.
Le 28 février, Amazon a même franchi un cap. Après cinq ans de développement, la compagnie a ouvert à Seattle un magasin de 1000 m2. A l'intérieur, 5000 articles, des produits frais, de la viande et de l'alcool. Tout est automatisé. Une vingtaine d'employés aident à remplir les rayons et répondent aux questions. Mais personne à la caisse.
A l'entrée, les acheteurs passent un tourniquet grâce à une application sur leur smartphone, scannent les articles et paient directement avec leur téléphone.
Les magasins sont quasiment autonomes. Qu'en est-il en Suisse? Difficile d'obtenir des informations. Si les grands distributeurs communiquent volontiers sur les nouveautés de leurs plateformes de vente en ligne, la question de la technologie dans les magasins est plus délicate. A cause de son impact sur l'emploi.
Vers la fin des caisses
"Nous nous dirigeons vers la suppression du métier de caissière", affirme Marc Benoun, auteur du livre Le commerce de détail suisse. "Je le dis d'une manière brutale, mais c'est ce vers quoi on tend. Même s'ils jurent qu'il n'y aura pas de licenciements. Si on a un système automatisé qui fonctionne à 100%, ce qui n'est pas encore le cas, ce sera la suppression des caissières d'ici 5 à 10 ans."
Les tests fleurissent déjà dans la région zurichoise. A l'image des petits magasins Amazon, le groupe Valora, qui exploite notamment des kiosques, est particulièrement avancé. Deux magasins ouverts 24h/24h sont testés, quasiment sans personnel. Un à l'EPF Zurich et l'autre à la gare de Wetzikon. Il faut télécharger une application pour scanner ses courses et les payer directement sur son smartphone.
Chez Decathlon, à Zurich, il suffit de déposer son sac à la caisse pour qu'elle reconnaisse automatiquement tous les produits. Pas de magie. Simplement des puces RFID dans les articles.
Protection des données
"En raison de l'état actuel de nos projets, nous ne pouvons pas encore vous communiquer plus de détails", répond Coop. Idem chez Aldi: "Nous observons les conditions et les évolutions du marché sur le long terme et nous planifions soigneusement les innovations de ce type avant de les introduire."
Pour Migros, le laboratoire s'appelle Migrolino. L'été dernier, un projet de shop sans personnel ouvert 24h/24h a été évoqué par Markus Laenzlinger, patron de Migrolino, dans l'Aargauer Zeitung. Il était notamment envisagé de mettre en place un système de reconnaissance faciale pour entrer la nuit dans le magasin.
Comme sur internet, ces nouvelles technologies récoltent de nombreuses données personnelles. Le magasin saura bientôt tout de vous. Il s'agit désormais pour la grande distribution de convaincre les clients du bon usage de leurs données.
Pascal Wassmer