"C'est pour moi une joie, un honneur et une responsabilité", a
réagi vendredi Dominique Strauss-Kahn. "Fort de la puissante
légitimité que me donne le très large soutien dont j'ai bénéficié,
notamment dans les pays émergents et les pays à bas revenus, je
suis déterminé à engager sans tarder les réformes dont le FMI a
besoin pour mettre la stabilité financière au service des peuples
en favorisant la croissance et l'emploi", a-t-il indiqué.
Nicolas Sarkozy a lui salué "une grande victoire pour la
démocratie française" après la nomination de Dominique
Strauss-Kahn. "C'est pour la France une très bonne nouvelle", a
ajouté le chef de l'Etat français.
Largement favori
Dominique Strauss-Kahn succèdera fin octobre à l'Espagnol
Rodrigo Rato, démissionnaire pour raisons personnelles. Soutenu par
l'UE, "DSK" était en compétition avec Josef Tosovsky, candidat
tchèque présenté par la Russie.
Sur les rangs depuis début juillet, l'ancien ministre français de
l'Economie disposait d'une longueur d'avance sur son challenger
parti tardivement dans la course. Adoubé par les Etats-Unis, il
avait mis à profit les semaines précédant l'élection pour
consolider sa candidature, notamment dans les pays en
développement.
Mauvaise passe
Le mandat du socialiste s'annonce difficile, tant la légitimité
actuelle
du FMI est en pleine crise suscite desinterrogations. Mais "DSK"
se pose comme l'homme de la réforme indispensable.
Les pays membres de l'institution financière n'empruntent plus
aussi fréquemment qu'avant, ce qui entraîne un recul des fonds pour
les opérations de l'institution. Des réductions de personnels sont
imminentes. Sans compter que les pays en développement réclament un
rôle plus grand dans la prise de décision.
Le PS groggy
Les socialistes français ont fait bonne figure en se félicitant,
à l'instar de leur chef François Hollande, des multiples appuis
internationaux reçus par l'un des leurs. Mais, sur la scène
intérieure, le prix est élevé: le PS voit s'éloigner le plus
populaire de ses dirigeants, figure de proue incontestée d'un
courant social-démocrate "à la française". De plus, Dominique
Strauss-Kahn s'est engagé à accomplir la totalité de son mandat de
cinq ans au FMI, ce qui devrait l'écarter de facto de la prochaine
course présidentielle.
Les médias décrivent un homme soulagé d'avoir trouvé le moyen de
fuir, grâce à un poste prestigieux et fort bien rémunéré,
l'ambiance délétère d'un parti en pleine crise où se multiplient
les règlements de comptes.
Cette nomination au FMI apparaît aussi comme un nouveau "coup"
réussi de Nicolas Sarkozy dans sa stratégie d'ouverture tous
azimuts qui n'en finit plus de déstabiliser un PS groggy par sa
défaite présidentielle. Le président français avait été prompt à
soutenir la candidature de "DSK", proposée par le Luxembourgeois
Jean-Claude Juncker, au nom de sa volonté affichée de "rallier tous
les talents".
agences/boi
Le portrait de "DSK"
Dominique Strauss-Kahn est un économiste reconnu qui se veut le porte-drapeau de la social-démocratie.
Candidat malheureux à l'investiture socialiste pour l'élection présidentielle de 2007 en France, cet ancien ministre de l'Economie de 58 ans s'est toujours voulu l'avocat d'"un socialisme du réel".
Son ambition affichée était de rendre la gauche "efficace au temps de la mondialisation".
Né le 25 avril 1949, professeur d'économie et avocat d'affaires, ce polyglotte affiche une allure élégante et décontractée qui lui a souvent valu l'étiquette de dilettante, récusée par ses proches.
"DSK" avait aisément été réélu en juin député de la circonscription populaire de Sarcelles, en banlieue parisienne.
Dominique Strauss-Kahn avait été contraint de démissionner de son poste en novembre 1999 à la veille d'une mise en examen dans une affaire d'emplois fictifs. Fin 2001, il avait été lavé de tout soupçon.
Marié avec une journaliste vedette en France, Anne Sinclair. le socialiste a publié plusieurs ouvrages dont le dernier, sorti en 2006, s'intitule "365 jours, journal contre le renoncement".
Une longue tradition
Par tradition, les Européens choisissent le directeur général du FMI, alors que les Américains désignent le président de la Banque mondiale, l'institution soeur, elle aussi née après guerre des accords de Bretton Woods.
Son adjoint est, tout aussi habituellement, un Américain, actuellemnt John Lipsky.
L'organisation regroupe actuellement 185 membres et emploie 2716 personnes à travers le monde.