Ce plongeon, qualifié d'historique dans un communiqué de l'Office fédéral des statistiques allemand Destatis publié jeudi, dépasse largement la contraction de 4,7% enregistrée au premier trimestre 2019, pic de la dernière crise financière.
La première économie européenne a subi un choc multiforme: le confinement décrété pour ralentir la propagation du Covid-19 a paralysé la production dans de nombreux secteurs, nettement ralenti les échanges et bridé la consommation.
Fortement exportatrice, l'industrie allemande, déjà en souffrance avant la pandémie en raison des tensions commerciales internationales et des inquiétudes liées au Brexit, a été frappée de plein fouet. En avril, au plus fort des restrictions, la production manufacturière a chuté de 17,9%; les commandes à l'industrie ont fléchi de 25,8% et les exportations se sont, elles, effondrées de 31,1%. Le tourisme et l'aviation ont eux aussi été durablement touchés: les "champions" nationaux TUI et Lufthansa ont dû appeler l'Etat à la rescousse et ont annoncé plusieurs milliers de suppressions d'emplois.
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Gouvernement et économistes optimistes
Aussi frappants soient-ils, ces chiffres ne sont qu'un "coup d'oeil dans le rétroviseur", car l'économie allemande "s'est déjà reprise", nuance cependant l'économiste de la banque ING Carsten Brzeski. Bénéficiant d'une situation sanitaire meilleure que celle de ses voisins, l'Allemagne a levé à partir de mai la plupart de ses mesures de restriction et relancé son économie.
Signe de stabilisation, le taux de chômage est resté au même niveau en juillet qu'en juin, à 6,4%, après trois mois consécutifs de hausse. Un fort rebond est désormais attendu par les experts. "Le pire trimestre pourrait être suivi par le meilleur", avance Carsten Brzeski. "Il y a clairement des signes de reprise", a confirmé pour sa part mercredi l'institut économique allemand DIW. L'économie est tirée par la demande intérieure ‒ consommation, services et construction ‒ qui relève la tête plus vite que l'industrie.
Berlin a adopté en juin un paquet de 130 milliards d'euros précisément destiné à encourager la consommation, grâce à une baisse de la TVA et à l'octroi d'une allocation supplémentaire de 300 euros par enfant pour les parents. En plus des mesures de soutien au niveau national, l'Allemagne compte également profiter du plan de relance européen de 750 milliards d'euros, décidé par les 27 à Bruxelles mi-juillet et qu'elle a largement porté. "Je suis persuadé qu'avec la mise en oeuvre de ce plan, l'Allemagne connaîtra une croissance durable en 2021 et en 2022", a ainsi affirmé le ministre de l'Economie Peter Altmaier.
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Retour à la croissance dès octobre?
Le gouvernement prévoit un retour de la croissance au plus tard à partir d'octobre, et un rebond de 5,2% dès 2021, ainsi qu'un niveau de production équivalent à l'avant-crise en 2022. Pour 2020, Berlin table sur une récession de 6,3%. L'Allemagne s'en sortirait ainsi mieux que ses partenaires européens: les PIB français, italien et espagnol pourraient en effet se contracter de plus de 10%, estime la Commission européenne. Mais la durabilité de la reprise allemande dépendra largement d'un redressement du commerce international, lui même suspendu à l'évolution de la pandémie.
Après le rebond, "le rythme du rattrapage pourrait bientôt ralentir à nouveau", a prévenu Fritzi Köhler-Geib, cheffe économiste de la banque publique KfW. "L'industrie, tournée vers l'export, fait face à de nombreux vents contraires en raison de la dynamique des infections" dans le monde, note-t-elle.
ats/vic
Hausse des cas fin juillet
Comme d'autres pays européens, l'Allemagne connaît une recrudescence des infections en cette période de vacances estivales. L'institut allemand de veille épidémiologique Robert Koch a exprimé mardi ses "grandes inquiétudes" face aux chiffres en hausse.
Après être tombé à 350 à la mi-juillet, le nombre de nouveaux cas quotidiens est à nouveau supérieur à 500 depuis une semaine, et même à 600 depuis mercredi (en moyenne sur sept jours). Le nombre de décès, lui, demeure stable à environ cinq par jour.