Swiss a fait des efforts énormes pour la maîtrise de ses coûts et contrôle plutôt bien ce volet, a expliqué Lorenzo Stoll vendredi dans La Matinale. L'entreprise ne peut en revanche pas maîtriser la demande des passagers. "Il existe une envie de voyager, mais avec toutes les incertitudes autour des régulations de voyages et des risques de contamination dans les différents pays, nos passagers sont hésitants à réserver". D'où un problème de revenus: "Nous arrivons à une base de coûts qui est incompressible. Actuellement, Swiss perd ainsi environ un million de francs par jour".
>> Lire aussi : Swiss a réduit ses pertes mais perd toujours près d'un million par jour
Mais l'entreprise est bien équipée en termes de liquidités pour passer l'été, grâce notamment au crédit garanti par la Confédération. "L'argent n'a pas encore été versé, mais tout est prêt. Il reste quelques détails politiques à régler. Nous sommes donc confiants". Au pire, Swiss peut aussi être soutenu par sa maison-mère Lufthansa. Le redressement de l'entreprise helvétique, qui a enregistré une perte d'exploitation de 266 millions de francs au premier semestre, devrait durer jusqu'en 2024, estime Lorenzo Stoll.
Swiss couvre 50% de sa production à Genève
Par rapport au plus fort de la crise due au coronavirus, la situation s'est déjà bien améliorée. Depuis le mois de juillet, à Genève, Swiss couvre environ 50% de sa production et 80% des destinations, mais avec des fréquences nettement moindres. "Sur le court-courrier, les mois de juillet et août sont satisfaisants, avec des taux de remplissage élevés", se réjouit le directeur romand. Les deux "stars" de l'été sont le Portugal et la Grèce.
Pour le long-courrier, en revanche, la situation reste très difficile, notamment à cause des restrictions draconiennes et de la baisse des voyages d'affaires. En long-courrier, aujourd'hui, le coeur du métier est devenu le cargo. La durée du redressement dépendra aussi de la découverte d'un vaccin ou d'un médicament contre le coronavirus, relève Lorenzo Stoll.
Jusqu'à 99% d'annulations
En temps normal, le taux d'annulation est de 1 à 2%. Au plus fort de la pandémie, il a atteint jusqu'à 99%, explique Lorenzo Stoll. "Mais en juillet-août, avec tout ce que nous avons mis en place pour rassurer les passagers et toute l'information qu'on leur donne, nous sommes revenus à des niveaux d'annulations acceptables, probablement de l'ordre de 2 à 3%".
S'agissant du personnel, l'objectif de Swiss est de limiter au maximum les licenciements. "Mais on ne peut plus exclure de devoir licencier au cours de l'année prochaine", prévient le directeur pour la Suisse romande. La compagnie mise notamment sur les fluctuations naturelles, avec un gel total de l'embauche.
Pas de repli en vue sur Zurich
Quant à l'éventualité d'un repli de Swiss sur Zurich au détriment de Genève pour faire des économies, Lorenzo Stoll se veut rassurant: "Pour moi, avec tout le travail accompli ces dernières années pour redresser la situation, c'est un scénario qui n'entre pas en ligne de compte. Et par rapport à la concurrence, avec le modèle que nous avons développé sur Genève, nous sommes plutôt bien positionnés".
Mais globalement, le monde de l'aviation ne va pas revenir à la même situation que celle d'avant le Covid-19, conclut Lorenzo Stoll.
Interview radio: Benjamin Luis
Adaptation web: Jean-Philippe Rutz