Vendredi, le boisseau de blé (environ 27 kilos) pour livraison
en septembre a terminé sur le marché des matières premières de
Chicago à 7,2575 dollars (8,6 francs), marquant son troisième
record de clôture consécutif. Les derniers pics historiques du blé,
pour un contrat à échéance rapprochée, remontaient à mai 1996 et
auparavant à 1973.
La récente crise financière liée aux difficultés de l'immobilier
américain a plombé la plupart des matières premières. Les
investisseurs ont cherché à récupérer des liquidités et se sont
hâté de vendre. Mais le blé, céréale alimentaire de premier ordre,
n'a quasiment pas cessé de grimper, coincé entre une demande vivace
et une offre réduite.
Les caprices du climat
De nombreux pays producteurs ont été frappés par des
perturbations climatiques, qui ont mis en péril les récoltes. «Une
production moindre est attendue en Europe, à cause des fortes
précipitations, voire des inondations, en France, en Allemagne et
en Grande-Bretagne», énumère Bill Nelson, analyste d'AG
Edwards.
L'excès de pluie à la fin du cycle de culture a retardé les
récoltes et a réduit la qualité du blé, menacé de pourrir sur pied.
Aux Etats-Unis, la situation a été similaire à fin juin. A
l'inverse, les cultures de Russie, et surtout d'Ukraine, ont
souffert de la sécheresse. Ce qui s'annonce être aussi le cas pour
le Canada, actuellement en pleine moisson: le pays s'attend à une
production de près de 20% inférieure par rapport à 2006, à la suite
d'une période de sécheresse en juillet.
Récolte mondiale à la baisse
Pour la récolte mondiale, le Conseil international des céréales
(CIC) a abaissé de 7 millions de tonnes ses attentes, à 607
millions de tonnes. «Les seules exceptions sont la Chine et l'Inde,
qui ont eu des récoltes plus importantes cette année, mais comme
elles avaient eu des problèmes de production l'année dernière,
elles continuent d'importer», souligne Bill Nelson.
Et les prix élevés n'ont pas réduit la demande pour cette céréale
utilisée dans des produits alimentaires de base, comme le pain, les
pâtes et la semoule, qui par ricochet sont plus chers également. En
juin, le prix du pain a ainsi grimpé de 8,6% aux Etats-Unis, note
Bill Nelson.
«La farine est devenue très chère et c'est une part très
importante de la fabrication du pain, puisque les ingrédients
représentent environ 30% des coûts», indique Nicholas Pyle,
président de l'Association des boulangers indépendants aux
Etats-Unis.
afp/sun
Kelogg revoit ses objectifs
Le géant américain des céréales pour le petit-déjeuner, Kellogg, a, en juillet, relevé de plus d'un tiers l'impact prévu sur ses résultats du coût des matières premières et de l'énergie.
Entre 25% et 40% de cet impact supplémentaire était dû au blé.
Une matière première indispensable
Hormis peut-être pour l'alimentation animale, qui ne représente qu'environ un sixième de son utilisation, le blé est difficilement substituable.
Le répit sur le marché du blé pourrait venir de l'hémisphère sud. Mais tandis que la graine est en pleine croissance, la sécheresse frappe les zones de culture d'Australie et d'Argentine.