Sur le plateau du 19h30, André Schneider évoque un nombre de passagers en baisse vertigineuse. "En juillet, nous avons eu 375'000 passagers alors qu'en 2019 nous en avions 1'675'000. Cela représente 22% du nombre de l'année dernière. Sur l'ensemble de l'année, nous sommes à environ 40% des chiffres de 2019".
André Schneider rappelle qu'entre juin et juillet, l'aéroport de Cointrin a pu en partie rebondir avec un nombre de passagers en hausse. Mais il estime que les restrictions sur les pays à risque empêchent une reprise plus marquée.
"Le deuxième problème, ce sont les voyageurs d'affaires que nous attendions dès septembre. Or, on voit que ces nombreuses restrictions les empêcheront sans doute de venir", ajoute-t-il. La liste toujours fluctuante des pays à risque pose en effet un problème de taille, en créant une incertitude pour les voyageurs, notamment au niveau de la reprise professionnelle à leur retour.
Crainte pour l'emploi
"Au final, cela va commencer à toucher des postes. Nous avons fait beaucoup de réductions de coûts, mais il y a un moment où on va devoir réduire à certains endroits, ce qui impactera des personnes", précise celui qui dirige l'aéroport depuis 2016.
L'enlisement, soit le scénario du pire, semble désormais être devenu une réalité pour le secteur aérien. Cet été, le trafic mondial a été deux fois moins élevé que l'an dernier à la même période. Après plusieurs mois d'une lente reprise, le nombre de vols plafonne.
Parmi les causes principales, les quarantaines imposées aux voyageurs en provenance de pays jugés "à risque". Une liste qui a d'ailleurs tendance à s'allonger dans le cas de la Suisse et qui suscite de l'instabilité pour les voyageurs, mais aussi - et surtout - pour les compagnies aériennes et les aéroports.
Par peur de nouvelles flambées de cas, les Etats maintiennent leurs restrictions et la demande est en net recul. Easyjet a confirmé cette semaine la fermeture de trois de ses bases au Royaume-Uni, dont deux à Londres. Swiss a de son côté récemment annoncé perdre plus d'un million de francs par jour.
"Nos revenus dépendent à 95% des passagers"
Questionné sur l'avenir de l'aéroport et sur la possibilité d'une fermeture, André Schneider se refuse à spéculer, tout en précisant la complexité de la problématique.
"Si en novembre nous avons une deuxième phase où il n'y a pratiquement plus de vols, le problème va s'aggrandir. Nous dépendons à 95% des revenus liés au nombre de passagers. Même sans ces revenus, on ne peut pas couper tous les coûts en même temps. On doit donc s'endetter pour assurer nos liquidités et à un moment donné, on arrivera à un plafond."
Lourd impact à Zurich
A Zurich également, l'aéroport a communiqué un chiffre d'affaires divisé par deux. Une nouvelle qui inquiète sérieusement les autorités, comme l'explique Carmen Walker Späh, conseillère d'Etat en charge de l'économie: "Je m'inquiète beaucoup pour l'aéroport et en particulier pour l'entreprise qui le gère. (...) 28'000 emplois sont en jeu, c'est considérable."
Propos recueillis par Jennifer Covo/ther