Au CSEM (Centre suisse d'électronique et de microtechnique), une trentaine de personnes ont été mobilisées pour ce tout premier système d'exploitation "swiss made". Il permettra au Swatch group de lancer des montres connectées en se passant des services de Google (Android) ou Apple (Watch OS).
Le patron du CSEM est particulièrement fier des résultats atteints en matière de consommation d'énergie. Développer une montre utilisant le minimum de batterie était l'un des principaux objectifs du projet. "En plusieurs mois de test, je n'ai jamais dû la recharger", annonce fièrement Mario El-Khoury.
Cellules solaires
C'est également au CSEM que sont produites les cellules solaires qui permettent aux garde-temps de se recharger tout au long de la journée. C'est l'une des particularités de la première montre connectée swiss made qui sera mise sur le marché début septembre par la marque Tissot: quasiment toutes les pièces de la montre, hormis le bracelet, sont produites en Suisse dans des filiales du Swatch Group. Les éléments électroniques proviennent d'EM Marin, dans le canton de Neuchâtel, les batteries de chez Renata à Itingen (BS), les aiguilles sont produites par Universo à la Chaux-de-Fonds,
Outre sa grande autonomie, la montre connectée helvétique présente un autre avantage non négligeable concernant l'utilisation des données, selon le directeur du CSEM: "Les données utilisées dans cette montre seront gérées par un groupe suisse et ne se retrouveront pas dans système opérationnel tel qu'Android". Pour autant, la montre suisse est compatible et peut communiquer avec les trois principaux fournisseurs de téléphone: Android, IOS et Harmony de Huawei.
La Tissot connectée offre toutefois très peu de fonctionnalités, puisqu'elle se contente d'afficher les notifications dans une zone relativement petite en bas d'écran. En matière de services connectés, la montre ne tient donc pas la comparaison avec les modèles Android développés par Huawei, Samsung ou encore Tag Heuer ou avec l'Apple watch, leader du marché. Mais le système d'exploitation est évolutif, explique Mario el-Khoury. Il pourrait très bien gérer une multitude d'autres données (localisation, itinéraire, température, etc.) si des capteurs ad hoc devaient être prévus dans un autre modèle.
Tissot ambitieux
Sylvain Dolla, le nouveau patron de Tissot, est très ambitieux pour ce nouveau type de montre. Il estime que les modèles connectés pourraient représenter 10% des ventes chez Tissot, soit près de 100 millions de francs (estimation de la rédaction). "C'est le plus gros projets de ces 20 dernières années pour la marque", précise-t-il.
Le directeur tient à souligner que, contrairement aux autres montres connectées "périssables", celle-ci n'est pas menacée par l'obsolescence programmée. "Dans 10 ans, vous aurez toujours une montre au poignet avec ce modèle. C'est d'abord une montre… qui va rester une montre!" professe celui qui vient de succéder à François Thiébaud, dirigeant de Tissot durant 24 ans.
Nicolas Rossé/fme