Cette hausse du prix constitue une «étape essentielle», écrit
mardi la Fédération des producteurs suisses de lait (FPSL) dans un
communiqué. Cette décision des centrales laitières tient compte de
l'évolution du marché et des revendications des producteurs de
lait.
A fin août, les producteurs avaient demandé une hausse de 7
centimes par kilo de lait. D'intenses discussions avec les
partenaires ont montré qu'une hausse était possible et, finalement,
ils ont accepté de ramener leurs prétentions à 6 centimes.
Augmentation possible en magasin
Migros et Coop vont étudier la possibilité d'une telle
augmentation. Le géant orange «ne pourra éviter une hausse», a
indiqué Peter Naef, porte-parole de Migros. Mais il va d'abord
négocier de nouveaux tarifs avec ses fournisseurs.
Il n'est pas certain que l'éventuelle hausse des prix de vente
dépasse les six centimes accordés aux producteurs, estime Peter
Naef. Il est aussi imaginable que Migros prenne une part de cette
augmentation à sa propre charge. La capacité ou non du marché à
accepter une telle hausse sera déterminante.
Sans indiquer de chiffres, Coop dit de son côté s'engager pour une
hausse modérée. Le principal concurrent de Migros mène pour l'heure
des négociations avec les centrales laitières, indique sa
porte-parole Susanne Erdös.
Négociations difficiles en vue
En conséquence de cette hausse, les prix payés aux centrales par
les distributeurs devraient prendre l'ascenseur. Le secrétaire
général du groupe laitier Cremo, Michel Pellaux, ne s'en cache pas:
les négociations avec les distributeurs seront «difficiles».
L'augmentation accordée aux producteurs par la centrale romande,
sise à Villars-sur-Glâne (FR), entrera en vigueur en novembre. Elle
fera passer le prix minimal du litre de lait à 70 centimes. «Cette
progression suit la tendance sur le marché mondial», justifie
M.Pellaux.
Emmi a elle aussi accepté la hausse de six centimes, a annoncé
Albert Rösti. Le directeur de la Fédération des producteurs suisses
de lait (FPSL) s'attend en outre à ce que les autres centrales
laitières tirent à la même corde, dont ELSA Estavayer Lait,
fournisseuse de Migros.
Le prix du lait destiné à la fabrication de fromages pourrait
par ailleurs lui aussi être augmenté, ajoute la fédération. Les
organisations fromagères mènent actuellement des discussions dans
ce but.
La fédération des fromageries artisanales FROMARTE a demandé mardi
une telle hausse pour le 1er novembre. Sinon, les fromageries de
village risquent de ne plus être compétitives.
Un tournant important
«Après presque 20 ans de baisse continuelle du prix du lait,
cette augmentation est un tournant important survenu en quelques
mois sur les marchés mondiaux», commente le secrétaire général de
Cremo.
Le phénomène est lié à une pénurie de lait au niveau
international, provoquée par une demande accrue dans de nombreux
pays, dont la Chine et la Russie. Le lait en poudre en particulier
est très demandé.
ats/ap/bri
Assouplissement des quotas laitiers
La demande mondiale de lait est en augmentation. Elle s'accompagne d'une forte hausse des prix.
Certains ministres européens de l'Agriculture ont réclamé lundi un assouplissement rapide de la stricte politique des quotas laitiers appliquée dans l'UE.
Diverses hypothèses ont été soulevées par les ministres, réunis au Portugal pour une réunion informelle jusqu'à mardi, notamment celle d'augmenter les quotas de plusieurs points dans toute l'UE en avril.
Il est aussi proposé d'abaisser les taux de prélèvements qui pénalisent les pays dépassant leurs quotas, de permettre à un pays de rétrocéder ses droits de production à un autre, ou encore de moins sanctionner la teneur en graisse du lait (le lait gras accapare davantage de quotas).
La Commission européenne étudiera l'année prochaine une possible hausse progressive des quotas européens de production de lait, afin de préparer leur disparition en 2015.
Lait de non-ensilage
De son côté, l'Association suisse des producteurs de lait de non-ensilage (dont le fourrage des vaches n'est pas stocké dans les silos) revendique elle aussi une hausse des prix.
Elle lance un appel aux représentants des fromagers et du commerce afin qu'ils soutiennent des hausses de prix claires sur les marchés.
Un assainissement structurel a eu lieu dans les fromageries suisses et il est maintenant terminé, a observé Karl Tschuppert, président de l'association.
Si le prix du lait n'augmente pas, il n'y aura plus de producteurs de lait de non-ensilage d'ici quelques années, a-t-il mis en garde.