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Les quarantaines imposées aux voyageurs ont plombé l'été d'EasyJet

Compagnies low-cost : la fin d’un modèle économique ?
Compagnies low-cost : la fin d’un modèle économique ? / Forum / 5 min. / le 8 septembre 2020
Les vols assurés cet été par EasyJet ont été moins nombreux que prévu en raison de la demande réduite, notamment sous l'effet des mesures de quarantaine. Mais la filiale suisse de la compagnie s'en sort plutôt bien, a confié son directeur dans l'émission Forum mardi.

Selon ses calculs du printemps dernier, EasyJet escomptait tourner à 40% de ses capacités entre juillet et septembre. Elle a cependant annoncé mardi dans un communiqué que le chiffre pour cet été serait légèrement moins important.

Cette estimation revue à la baisse s'explique par une demande moins forte de la part des voyageurs, qui hésitent à se déplacer en raison des incertitudes liées à la crise sanitaire. L'instauration, par le Royaume-Uni notamment, de quarantaines pour les personnes revenant de nombreux pays comme la France et l'Espagne, destinations habituellement prisées pour les vacances d'été, est particulièrement pointée du doigt.

La compagnie évoque également la décision de Londres, annoncée lundi, de mettre en place une quarantaine à l'encontre de sept îles grecques.

Demande de suspension de la taxe sur les billets d'avion

"Nous continuerons à avoir une approche prudente et conservatrice quant à nos capacités, comme nous l'avons fait durant cette période", a prévenu le directeur général de la compagnie Johan Lundgren. Il demande au gouvernement britannique une aide spécifique pour le secteur aérien, notamment un retrait pour 12 mois de la taxe sur les billets d'avion, rappelant au passage avoir plaidé auprès des pouvoirs publics pour un système de quarantaine moins strict et plus prévisible.

>> Lire à ce sujet : British Airways, EasyJet et Ryanair lancent une action en justice

Compte tenu des nombreux changements dans les recommandations des gouvernements et du manque de visibilité, le groupe explique qu'il est toujours dans l'incapacité de mettre sur la table une prévision de résultats pour son exercice 2019-2020, qui s'achève fin septembre, ou pour le suivant.

Les Suisses ont envie de voyager

La reprise plus timide que prévu des vols est à nuancer pour la Suisse, a cependant réagi Jean-Marc Thévenaz, le directeur exécutif de la filiale suisse du groupe anglais, qui exploite 30 des quelque 300 avions du groupe depuis ses bases de Genève et Bâle.

"La réaction [à la crise] a été plus compliquée dans d'autre pays. En Suisse, ça s'est bien développé. Nous avons réussi à mettre deux tiers de la flotte en opération, avec une réponse assez favorable de nos passagers. On a senti à la fin du confinement qu'il y avait une vraie envie de voyager", a-t-il témoigné mardi dans Forum.

Nous n'avons aucune visibilité sur ces mesures de quarantaine qui, vraiment, plombent notre industrie

Jean-Marc Thévenaz, directeur d'EasyJet Suisse

Pour lui, c'est l'instauration imprévisible de quarantaines pour les voyageurs en provenance de certains pays qui pose le plus de problèmes aux compagnies aériennes. "Ces mesures ont évidemment affaibli la demande d'une façon assez forte. C'est dans cette perspective que nous annonçons aujourd'hui que la suite sera plus compliquée que prévu. Pas à cause de cet été, mais surtout parce que nous n'avons aucune visibilité sur ces mesures de quarantaine qui, vraiment, plombent notre industrie", déplore Jean-Marc Thévenaz.

L'été 2021 sera décisif

"Les réservations stagnent car les gens ne veulent plus prendre de risques et ne savent pas à quelle sauce ils vont être traités au retour de leurs déplacements. Ils réservent extrêmement tard. C'est dur d'avoir une planification à court terme efficace", poursuit le directeur d'EasyJet Suisse, qui confie que la compagnie dialogue beaucoup avec les gouvernements européens pour expliquer les difficultés qui surviennent lorsque des décisions de quarantaine sont prises.

Il n'exclut pas que la plupart des avions oranges restent à nouveau au sol cet automne: "Toutes les options sont sur la table, mais nous essayons de ne pas retourner dans un grounding, qui a d'énormes implications opérationnelles", a-t-il expliqué.

Toutes les options sont sur la table, mais nous essayons de ne pas retourner dans un grounding cet automne

Jean-Marc Thévenaz

"L'été 2021 sera crucial", estime encore le patron de la filiale suisse du transporteur low-cost, qui souligne qu'EasyJet fait partie des compagnies les mieux placées pour passer au travers de la crise, car elle avait, avant celle-ci, l'un des meilleurs bilans d'Europe, des réserves importantes et était propriétaire de 85% de sa flotte.

Il y aura toutefois de la casse, puisque près d'un tiers des effectifs du groupe sont menacés (lire encadré), y compris en Suisse. "On ne peut pas exclure des licenciements ici aussi, mais l'impact sur l'emploi devrait être moins sévère en Suisse que dans le reste de l'Europe", a toutefois rassuré Jean-Marc Thévenaz.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Vincent Cherpillod/ats

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Un tiers des emplois biffés

Le groupe EasyJet, qui a vu son chiffre d'affaires pratiquement réduit à néant entre avril et juin au plus fort du confinement, a pris ces derniers mois une série de mesures pour préserver des finances mises à mal par la crise du transport aérien. Il a par exemple levé 419 millions de livres par le biais d'une émission de nouvelles actions et obtenu un prêt de 600 millions de livres auprès des pouvoirs publics au Royaume-Uni.

Comme ses concurrents, il a également annoncé des suppressions d'emplois de grande ampleur. Elles vont affecter jusqu'à 4500 postes, soit près du tiers de ses effectifs.